mardi 11 février 2014

Cambodge - Kompong Luong, une nuit dans un village flottant


Me voici à Kompong Luong, sur le ponton de la maison flottante de mes hôtes, au bord du Tonlé Sap. Le village est étonnant, on y trouve de tout : 
des habitations, des boutiques de téléphone, des épiceries, un garage, une église, un temple vietnamien, un autre bouddhiste, une usine à glace, un restaurant, un poulailler, une porcherie et j'en passe... 
tout cela dans des constructions de bois avec des toits de tôle flottant sur des assemblages de bambous. 


Des cartons sont jetés à l'eau, des plastiques jonchent les berges, mais la maison qui nous accueille est bien tenue ; sa maîtresse se repose dans un hamac, une petite fille d'un an dans les bras. Comment ces villageois, pour la plupart originaires du Vietnam, en sont-ils venus à vivre-là ? Ont-ils été chassés des terres ou s'agit-il d'un mode de vie ancestral ? 
Les rues sont la rivière et le lac, les véhicules sont des barques à moteur ou à rames, les marchandes de fruits et légumes et le livreur de charbon se déplacent lentement, de maison en maison, à la force des bras. 

Des pneus recouvrent les angles pour amortir les chocs. Au passage des bateaux à moteur, le sol tangue. 


Cette jeune femme qui nous accueille, peut-elle se déplacer seule ou passe-t-elle ses journées ici ? Son faible niveau d'anglais et mon niveau inexistant de Khmer ne m'ont pas permis d'en discuter vraiment avec elle. Elle m'a juste dit que c'était petit et que son travail, c'était la maison et sa fille d'un an. Quant à son mari, il est batelier et promène les curieux, lorsqu'il y en a. Et quand on est gamin, on fait comment pour rejoindre ses copains ? A la nage, à la rame ? L'individualisme n'a certainement pas sa place ici. 

Demain, c'est le nouvel an chinois. Un voyageur de passage et moi-même décidons de rejoindre la fête foraine installée sur la rive. Nous parcourons le chemin les pieds dans l'eau. Une vieille roue métallique, des stands de tirs aux fléchettes, des chevaux de bois volants, une piste de danse et une ambiance un peu surréaliste. Nous sommes les seuls étrangers et la fête bat son plein. Les gamines sont toutes excitées et certaines espèrent que nous jouerons avec elles (sous-entendu, que nous leur paierons les manèges). Elles auraient tort de ne pas tenter leur chance mais pourquoi payer l'entrée à une et pas aux autres ? Nous quittons les lieux après quelques pas de danse, pas mal de sourires et une partie de fléchettes. 

Cinq heures du matin: réveil au bruit du générateur. L'aube se lève à peine, mais les maîtres de maison sont à pied d'oeuvre. Le coq sacrifié la veille repose sur le ponton, entouré d'offrandes. L'homme murmure des prières tout en versant à boire dans des verres, avant de faire flamber toute une série de faux dollars. Une manière d'honorer les esprits et d'attirer la bonne fortune sur le foyer pour la nouvelle année. Puis il se lève et allume une guirlande de pétards tout en courant se planquer à l'arrière de la maison. J'ai juste le temps de m'abriter de l'autre côté du ponton et tout explose. Bonne année ! Les pétards résonneront toute la journée. 

Je quitterai mes hôtes après la dégustation du coq pour rejoindre Kompong Chnang, une petite ville au bord du lac, à laquelle sont accolés deux villages flottants, l'un vietnamien, l'autre musulman, à deux heures de là.

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