mercredi 30 octobre 2013

Au pays du matin calme

Magie des retards de publication ! Je vous ai laissés il y a quelques jours sur mon départ de Chine et voilà que deux semaines déjà se sont écoulées depuis mon arrivée en Corée.


Le but principal de ce séjour était de rendre visite à Eva et Mason et à leur petite Sasha âgée de quatre mois (succès garanti auprès des grands-parents coréens qui n'hésitent pas à s'en saisir après quelques sourires). De faire une pause sur la route, aussi. Avec eux, j'ai découvert la gastronomie coréenne qui m'a paru bien raffinée après deux mois de voyage en Russie, en Mongolie et en Chine, les salons de thé dans des habitations traditionnelles, le karaoké (quel dommage que ces petites salles privatives ne soient pas plus répandues en France) et le jimjilbang (ah, les bains coréens... hyper relaxant... on peut même y dormir).



 J'ai beaucoup appris en écoutant Eva et Mason sur la Corée et ses habitants (message aux amis : venez les voir!). Ils m'avaient prévenu que le pays n'était pas spectaculaire et l'un de leurs amis me l'a même présenté comme un pays fantasmé. En étant mieux disposé, on pourrait dire que ses habitants savent le mettre en valeur et en vanter les mérites : « le plus grand spa d'Asie du Sud-Est », « le marché aux poissons mondialement connu » (celui de Jagalchi, à Busan, pour ceux qui auraient un doute), « le champ de fleurs où viennent se faire photographier des couples du monde entier » à Gyeongju...). Et le moins qu'on puisse dire est qu'ils ont le sens de la mise en scène : parfois, c'est poétique, comme l'Anaji pond à Geyongju, certaines fois, c'est drôle, d'autres encore, c'est politique. 

De ce point de vue, une visite au mémorial de la guerre à Séoul m'a confirmé que le pays était encore en guerre techniquement (seul un cessez-le-feu a été signé avec la Corée du Nord dans les années 50) : l'ambition affichée du musée était de « stimuler l'esprit patriotique et militariste » des visiteurs (j'ai tenté d'imaginer l'effet d'une telle déclaration dans un musée français). Ceci dit, en visitant la DMZ (zone démilitarisée qui sépare la Corée du Sud de la Corée du Nord), on hésite entre réalité et parc d'attraction.




Est-elle vraiment dangereuse cette zone ? Les visiteurs du Sud et du Nord s'observent réciproquement, les soldats Sud-Coréens posent en posture de taekwondo et les touristes se font photographier à leurs côtés avant de passer au magasin de souvenirs. La guide nous a fait signer une déclaration selon laquelle nous étions conscients du danger et observerions des règles de sécurité tout en nous disant de ne pas perdre de temps à la lire et qu'elle nous la rendrait ensuite en souvenir. Pour autant, c'est un endroit à voir. Observer la Corée du Nord, de l'autre côté de la DMZ, est assez impressionnant, tant ce pays reste à part et fermé. Si le sujet vous intéresse, je vous recommande deux lectures : Le visiteur du Sud, une BD de Oh Yeong Jin, et Rescapé du camp 14, de Blaine Harden, qui raconte la vie de Shin Dong-Hyuk.

Pour finir, la Corée, c'est aussi et surtout des petites et moyennes montagnes dont les couleurs en automne peuvent être superbes et qui vous offrent des paysages typiques de l'Asie (bien agréable à condition de supporter les troupeaux de randonneurs fashion et d'éviter les barbecues coréens pas assez cuits la veille d'une grande rando). J'ai conclu mon séjour par la découverte d'un site historique, celui de Geyongju, qui fut la capitale du royaume millénaire de Silla, auquel succéda Goryo (d'où « Corée »). Et j'ai largué les amarres à Busan pour rejoindre Fukuoka.

Me voici donc au Japon ! Ce qui me semble assez extraordinaire. La suite au prochain épisode. 

vendredi 25 octobre 2013

Ballades dans le Shandong

Pour conclure cette première rencontre avec la Chine, j'ai rejoint Qingdao en passant par Qufu, la ville natale de Confucius, et le Tai Shan, l'une des montagnes les plus sacrées de Chine. Toutes deux se situent dans le Shandong, une province au Sud-Est de Pékin. Ce n'est sans doute pas une priorité pour un premier voyage en Chine, mais mon but était de rejoindre un port où embarquer pour la Corée du Sud. 



La première témoigne de l'importance qu'ont accordé les dynasties Ming et Qing au confucianisme. On y trouve un ensemble de temples construits par les empereurs successifs, ainsi que la demeure des descendants de Confucius, devenus une famille aristocratique puissante jusqu'en 1945, où l'héritier a fui pour Taiwan. Le plus agréable était la ballade dans le cimetière qui abriterait la tombe de Confucius et celle de ses descendants : presque personne, à l'ombre des arbres, des tumulus, une lumière douce et des sculptures vieilles de plusieurs siècles.



Le second, le Tai Shan, s'élève à 1545 mètres d'altitude et fait partie des cinq montagnes sacrées de Chine. C'est un lieu de pèlerinage depuis près de trois mille ans, où les empereurs Chinois rendaient grâce au ciel et à la terre.

Pour atteindre le sommet, plus de 6000 marches sont à gravir (m'est avis que les empereurs se faisaient porter).

Sur le chemin, des inscriptions gravées dans la roche, au sommet, des temples et pour les courageux qui ont fait l'ascension de nuit (j'aime trop dormir), un lever de soleil.

Il paraîtrait qu'après l'avoir gravi, on vivrait cent ans. J'espère bien, parce que mes mollets s'en sont ressentis pendant une bonne semaine!


Après ça, je suis partie me reposer à Qingdao, ville portuaire sous domination allemande pendant un temps, ce qui explique une architecture bavaroise au milieu de barres d'immeubles et la survivance d'églises devant lesquelles les jeunes mariés se font photographier, même si les chrétiens sont minoritaires. Dans les stands de rue, les brochettes laissent place aux étoiles de mer, coquillages et poissons séchés. Les quelques plages attirent les baigneurs et les amateurs de pêche à pied (j'ai beaucoup pensé à Noirmoutier devant certaines images à marée basse). Pour les amateurs de bière, c'est dans cette ville qu'a été brassée la Tsingtao. On y trouve aussi du thé vert du Lao Shan, une montagne voisine.

C'est de là que j'ai pris la mer pour rejoindre la Corée, quittant la Chine sur un superbe coucher de soleil. Encore une fois, en me disant qu'il me faudrait revenir car il me reste le Sud et l'Ouest de la Chine à explorer, où les paysages, paraît-il, sont superbes. Rejoindre le Tibet et le Népal en partant de Hong-Kong ou Shanghai... A ce rythme, sept mois ne suffiront pas!




mercredi 23 octobre 2013

Conversation à bord d'un train

On m'avait raconté que les Chinois pour lesquels vous restez un anonyme parmi d’autres peuvent être assez rudes : ils n’hésiteront pas à vous doubler dans les files d’attente, à vous bousculer, à vous prendre de vitesse pour s’asseoir sur le siège que vous convoitiez (ceci dit, c'est aussi un sport parisien) et à vous donner une réponse, n’importe laquelle, pour ne pas perdre la face si vous demandez un renseignement, même s’ils n’en savent rien. 

Mais une fois que vous avez sympathisé avec des Chinois, ils se feront un devoir de vous aider à apprécier leur pays et à arriver à bon port, vous laisseront leur numéro de téléphone si jamais vous avez besoin d’aide, voire chercheront à vous offrir un cadeau, ce qui ne manquera pas de vous gêner, et s'excuseront s'ils n'en trouvent pas… D’autres vous souhaiteront la bienvenue pour votre premier séjour, comme ça m'est arrivé à bord du train pour Qingdao. 

J'y ai rencontré un jeune chinois de 23 ans, qui m'a donné son nom anglais, Allen. Il a engagé la conversation, encouragé par l'exemple de son voisin venu passer le temps et pratiquer son anglais avec moi. Nous avons discuté de nombreux sujets, mais je ne suis pas certaine que nous nous soyons toujours compris. A l’instant où je m’y attendais le moins, il s’est écrié, offusqué : « What ?! I don’t want you to think that I am not a kind Chinese ! ». N'ayant aucune idée de ce que j'avais pu dire pour provoquer une telle réaction, je me suis empressée de le détromper. Des différences culturelles et des méprises linguistiques...

Il me parlait de ses plans d'avenir : à mon âge, il aimerait gagner 20 000 dollars par mois pour pouvoir entretenir une famille de trois enfants. La politique de l'enfant unique étant encore en vigueur, il devra s'acquitter auprès des autorités d'une somme rondelette de 10 000 dollars pour le deuxième enfant et de 15 000 dollars pour le troisième. Imaginez sa réaction lorsque je lui ai appris que le gouvernement français versait des allocations (certes moins élevées) aux familles nombreuses... 

Il a ensuite insisté pour me montrer le front de mer (à vrai dire, j'avais surtout hâte de poser mon sac à l'hôtel) et négocier un taxi rouge (j'ai découvert ensuite que les taxis verts ont des compteurs qui rendent toute négociation inutile pour un prix moins élevé) en s'assurant qu'il me déposerait au bon endroit. Appréciable, certes, fatigant également, mais comment refuser l'aide qu'on vous propose?

De cette rencontre sympathique, m'est resté un certain sentiment d'étrangeté...


C’est vous qui êtes différent, tenez-le vous pour dit

En Chine, soit on vous ignore totalement, soit vous devenez une curiosité vivante.

Ça a commencé sur l’île d’Olkhon, sur le lac Baïkal, en Russie : alors que je commençais à marmonner contre l’arrivée d’un groupe de Chinois qui n’allaient pas manquer de prendre de multiples photographies devant le paysage que je souhaitais sauvage, deux d’entre eux sont venus vers moi et m’ont demandé, dans un français parfait et avec une exquise politesse, si je venais de Paris et s’ils pouvaient prendre une photo avec moi. Ma mauvaise humeur était bien attrapée…

Sur les rives du lac du palais d’été, à Pékin, deux jeunes étudiants Chinois qui profitaient des vacances nationales pour découvrir leur capitale ont tenté une conversation. Mon chinois étant encore plus limité que leur anglais, nous nous sommes quittés sur une photo.

On m'a aussi photographiée plus ou moins discrètement devant une assiette de fruits de mer à Qingdao ; j’ai donc décidé de faire de même et suis allée poser aux côtés de cette famille. La grand-mère m’a alors gratifiée d'une chaleureuse accolade. Sourires et curiosité partagés... 

C'est parfois aussi moins agréable : en descendant du Tai Shan, un homme qui venait de m’apercevoir a couru vers ses amis qu’il a touchés du bout de sa canne pour me montrer du doigt... Votre présente est étonnante, voire détonne. Si vous êtes là, c'est que vous avez une bonne raison (le travail, des amis...) ou un guide et un interprète avec vous. mais seule? 

Ceci dit, moi qui craignais l’impossibilité de communiquer en Chine (je ne vous dis pas les progrès que j'ai fait en charade et en mime), j’ai aussi rencontré beaucoup de chinois prêts à m’aider, d’autres, partants pour une conversation dans un train dès lors qu’ils maîtrisaient un peu d’anglais. Essayez de parler Chinois sans avoir vécu en Chine et vous comprendrez l’effort qu’ils doivent fournir…

mercredi 16 octobre 2013

Un 1er octobre en Chine


Le 1er octobre, j’étais en Chine, à Pékin. Ce n’est qu’en juillet dernier que j’ai appris que ce jour-là, c’était la fête nationale, et qu’à cette occasion, tous les Chinois disposaient d’une semaine de vacances et se mettaient en route. Imaginez des millions de Chinois partir à la découverte de leur pays… et vous ! Sur le coup, j’ai flippé, car ça donne à peu près ça :




La date du grand départ étant déjà fixée, je me suis arrangée pour arriver à Pékin trois jours avant, histoire d'avoir le temps de marcher sur la fameuse muraille et de visiter la cité interdite avant le grand débarquement. Si je me retrouvais coincée quelque part, mieux valait que ce soit dans une grande ville. 


En bonne française habituée aux marches triomphales du 14 juillet (qu’il ne me viendrait jamais à l’idée d’aller voir en France), aux bals des pompiers (tenté pour la première fois cette année, assez sympathique) et aux feux d’artifice (ça par contre, je ne m’en lasse pas), je m’attendais à ce qu’un régime comme celui de la Chine organise des célébrations dignes de l’événement. 

Et bien pas du tout. Le seul fait marquant semble avoir été le lever de drapeau (trop tôt pour moi) et l'installation d'un gigantesque pot de fleurs sur la place Tian An Men (quoi de plus inoffensif?...), rivalisant avec le portrait de Mao. Deux Chinois ont bien tenté de lancer des fusées, mais ils se sont fait arrêter manu militari par la police. Apparemment, des parades sont organisées tous les cinq ou dix ans. La France est bien plus assidue en la matière...




mardi 15 octobre 2013

Et bien finalement, la Chine...

La Chine fascine et intrigue autant qu’elle suscite le rejet. Il y a d’un côté une civilisation d'une grande richesse, de l’autre, le « made in china », la foule, l'étrangeté... Je me rangeais parmi ceux que ce pays n’attire pas, craignant l’incommunicabilité et certaine de ne jamais me faire à cette habitude de se racler la gorge grassement avant de cracher. Sur ce dernier point, je n’avais pas tort : on a eu beau m’expliquer que la médecine chinoise recommande de débarrasser son corps des impuretés, je n’arrive pas à m’y habituer. Heureusement, sur la route, j’ai rencontré des chinois anglophones qui se sont avérés fort sympathiques, l’idéal pour assurer la transition, et contrairement à toute attente, j'y serais volontiers restée plus longtemps. 


Le premier jour, je me suis rendue au monastère suspendu situé dans les environs de Datong. L’occasion de prendre une belle photo et de rire devant un panneau « be polite and friendly ». J’ai moins ri lorsque j’ai pris le bus pour rejoindre les grottes bouddhistes de Datong : lorsque les portes se sont ouvertes, les personnes qui attendaient patiemment s’y sont ruées, se bousculant sans merci pour atteindre les places assises ; dans cette empoignade, je me suis retrouvée éjectée de la file d’attente sans avoir eu le temps de comprendre ce qui m’arrivait. Sinon, les grottes valent le détour.

J’ai ensuite rejoint Pékin, une ville à laquelle on peut facilement consacrer une semaine. Ça tombait bien, puisqu’en cette période de fête nationale, ce n’était même pas la peine de penser trouver une place dans un train. J’ai été séduite par cette ville dans laquelle les hutongs et les temples côtoient la modernité du métro, des buildings et des grandes avenues. Les cyclos roulent à côté des voitures et les stands de rue et les petits métiers restent nombreux. La cité interdite est réellement fascinante et la ballade sur la grande muraille, un incontournable (pour ma part, de Jinshanling à Simataï). Pour les amateurs d'art, il y a le quartier 798, même si les boutiques y sont aussi nombreuses que les galeries (j'imagine que l'avant-garde artistique s'est déplacée vers d'autres lieux), et pour les antiquités, des marchés comme celui de Panjiayuan. Les parcs m'ont aussi beaucoup séduite, lorsqu'au détour d'une allée, je tombais sur des joueurs de cartes ou de saxo, des danseurs tout en légèreté et des sportifs.


Avec davantage de ciel bleu (plutôt que de brume et de pollution) et moins de monde (je vous laisse découvrir le flot humain du palais d’été), ç’aurait été encore mieux !

Je vous laisse découvrir les photos, elles vous en parleront mieux que moi.

dimanche 13 octobre 2013

Un week-end dans le quartier des yourtes d'Oulan-Bator (septembre 2013)



Pour mon premier jour de voyageuse solo, en cette fin septembre, j’avais décidé de faire du couchsurfing dans le quartier des yourtes d’Oulan Bator. Mon hôte m'avait transmis un plan détaillé : bien fermer mon sac pour ne pas tenter les pickpockets dans le bus bondé, compter neuf arrêts, descendre après une station essence orange, emprunter un chemin en pente raide à droite d’une cheminée blanche, franchir la porte en bois près de la maison à étages…

Descendue au bon arrêt, j’étais contente de moi jusqu’à ce qu’un ivrogne m’aperçoive. C’est donc en étant suivie de cet indélicat dont l’anglais se résumait à " hello kiss kiss " que j’ai pénétré sur le terrain de Begzsuren et sa famille. Mon hôte a dû mettre cet individu dehors par la force, en lui arrachant la pierre dont il s’était saisi pour protester.  " Usually, I don’t host women who are travelling alone, to avoid problems for everyone ", m'a-t-il dit. Well… " But I accepted your request because I am hosting Maxime, a French guy. Maybe you could travel together? " Il se trouve que Maxime avait décidé de partir le lendemain vers l’Ouest dont je revenais tout juste. Belle intention, mauvais timing !

Pour vous dépeindre l'endroit, il faut savoir que le centre d’Oulan Bator est relativement petit, mais qu’autour, s’étendent de nombreux quartiers qui semblent être sortis du sol dans l’anarchie la plus totale. Des cabanes en bois, des maisons de briques et de nombreuses yourtes dressées par les nouveaux citadins venus de la campagne à la recherche d’un travail. Pas d’eau courante, mais des citernes où les habitants viennent se ravitailler, des terrains de terre battue, des décharges improvisées à ciel ouvert, quelques chiens errants… D’un coup, je me suis demandée ce qui m’avait pris. 

J'ai mis peu de temps à m’en rappeler face au sourire retrouvé de mon hôte une fois l’affaire réglée et au verre de lait frais offert par sa femme en guise d’accueil. Trouver un couchsurfer anglophone dans le quartier des yourtes qui ouvre sa porte au monde entier pour partager sa vie, sa culture et sa connaissance de la Mongolie, comment passer à côté d’une telle rencontre ? 

Le jour suivant, je me suis rendue au centre-ville pour visiter le musée des victimes de la répression soviétique (à nouveau fermé, ce n’était que la deuxième tentative) en affrontant un air surchargé de gaz d’échappement et des bus bondés. En revenant chez Begz et sa famille, j’ai eu le sentiment de rejoindre un havre de paix, heureuse de retrouver cet endroit où l’on respirait beaucoup mieux, d’entendre à nouveau les rires de leurs filles de 6 et 8 ans et la musique de leur fils aîné, doté d’un talent évident pour la guitare, le clavier et le fiddle horse.

Le contraste entre ce quartier, le mode de vie traditionnel des nomades et la présence d’un écran plat et d’une connexion Internet dans la yourte est peut-être ce qui m’a le plus surprise en arrivant. Je dois être la 202ème « couchsurfeuse » accueillie par Begz depuis 2008. La nuit, les couchsurfers dorment dans la grande yourte sur un matelas à même le sol, comme Begz et sa femme, tandis que les quatre enfants dorment dans la petite yourte. Le matin, la grande yourte se transforme en club de nutrition puis en pièce à vivre. Tous leurs enfants parlent un minimum d’anglais. Il y a de la joie, de l’amour, une conscience environnementale, de la curiosité et une belle énergie.

Et de l’énergie, il en faut pour vivre ici comme ils le font ! Dans cette famille, la vie est bien réglée et le terrain organisé. Tous, couchsurfers compris, se lèvent à 6 heures. La journée commence par la traite des vaches, puis il faut emmener les veaux à la pâture. Animer le club de nutrition, aller chercher de l’eau, préparer le repas puis la yourte pour affronter la rigueur de l’hiver… Le dimanche, Begz n’a pas arrêté de la journée : la température avait chuté brutalement de 18 à 5 degrés en 24 heures, voire -5 degrés, avec vent et neige. Il fallait faire livrer le charbon, charger le poêle, remblayer le pourtour de la yourte pour éviter que le vent ne passe sous la toile, isoler la porte…  

Cette vie, c'est en partie un choix. Il y a quelques années, ils ont décidé de devenir végétariens et ont acquis une première vache pour le lait, les yaourts (délicieux), le beurre, le combustible des poëles (la bouse de vache séchée)... Ils tentent de vivre de manière écologique en ville, ce qui n'est pas un mince exploit à Oulan-Bator, et espèrent transmettre ces principes à leurs enfants. Sur le terrain acquis à l'issue de ses études, Begz avait commencé par construire une maison en bois. Après avoir reçu un couple de français qui vivaient dans une yourte en Bretagne, la famille a décidé de revenir à un habitat plus traditionnel. La vie prend parfois des chemins détournés...

Avec eux, j’ai appris à traire une vache (enfin, à tirer sur un pis), à emmener les veaux au pré, à préparer du beurre, à cuisiner une soupe traditionnelle de légumes et de mouton, à aller chercher les vaches car une fois lâchées, encore faut-il les retrouver (dans la vallée, près de la rivière, dans la montagne ?...), à les ramener (enfin, ce sont elles qui m'ont ramenée et m'ont fait traverser la route)… Au-delà de ça, j’ai le sentiment d’avoir beaucoup reçu à leurs côtés, ne serait-ce que par le simple fait de partager ces quelques jours avec eux. Je reste marquée par leur dynamisme, leur ouverture, leur sens de l’hospitalité et la vie qu’ils se créent dans cet environnement rugueux pour une occidentale. Simplicité, optimisme, joie de vivre, générosité et ouverture sur le monde, de bons principes, non ? Pour conclure, « be happy and don’t worry ! ».