mercredi 23 octobre 2013

Conversation à bord d'un train

On m'avait raconté que les Chinois pour lesquels vous restez un anonyme parmi d’autres peuvent être assez rudes : ils n’hésiteront pas à vous doubler dans les files d’attente, à vous bousculer, à vous prendre de vitesse pour s’asseoir sur le siège que vous convoitiez (ceci dit, c'est aussi un sport parisien) et à vous donner une réponse, n’importe laquelle, pour ne pas perdre la face si vous demandez un renseignement, même s’ils n’en savent rien. 

Mais une fois que vous avez sympathisé avec des Chinois, ils se feront un devoir de vous aider à apprécier leur pays et à arriver à bon port, vous laisseront leur numéro de téléphone si jamais vous avez besoin d’aide, voire chercheront à vous offrir un cadeau, ce qui ne manquera pas de vous gêner, et s'excuseront s'ils n'en trouvent pas… D’autres vous souhaiteront la bienvenue pour votre premier séjour, comme ça m'est arrivé à bord du train pour Qingdao. 

J'y ai rencontré un jeune chinois de 23 ans, qui m'a donné son nom anglais, Allen. Il a engagé la conversation, encouragé par l'exemple de son voisin venu passer le temps et pratiquer son anglais avec moi. Nous avons discuté de nombreux sujets, mais je ne suis pas certaine que nous nous soyons toujours compris. A l’instant où je m’y attendais le moins, il s’est écrié, offusqué : « What ?! I don’t want you to think that I am not a kind Chinese ! ». N'ayant aucune idée de ce que j'avais pu dire pour provoquer une telle réaction, je me suis empressée de le détromper. Des différences culturelles et des méprises linguistiques...

Il me parlait de ses plans d'avenir : à mon âge, il aimerait gagner 20 000 dollars par mois pour pouvoir entretenir une famille de trois enfants. La politique de l'enfant unique étant encore en vigueur, il devra s'acquitter auprès des autorités d'une somme rondelette de 10 000 dollars pour le deuxième enfant et de 15 000 dollars pour le troisième. Imaginez sa réaction lorsque je lui ai appris que le gouvernement français versait des allocations (certes moins élevées) aux familles nombreuses... 

Il a ensuite insisté pour me montrer le front de mer (à vrai dire, j'avais surtout hâte de poser mon sac à l'hôtel) et négocier un taxi rouge (j'ai découvert ensuite que les taxis verts ont des compteurs qui rendent toute négociation inutile pour un prix moins élevé) en s'assurant qu'il me déposerait au bon endroit. Appréciable, certes, fatigant également, mais comment refuser l'aide qu'on vous propose?

De cette rencontre sympathique, m'est resté un certain sentiment d'étrangeté...


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