vendredi 28 mars 2014

La meilleure manière de découvrir la Nouvelle Zélande? "Tramping!"

Tramping. De l'anglais Tramp, qui signifie vagabond, mais aussi femme de mauvaise vie, traînée, grue. Ce qui n'a pas manqué d'amuser mon compagnon de voyage américain, surtout lorsque je lui ai annoncé vouloir louer des "tramping shoes". En Nouvelle-Zélande, ça désigne la rando. Vagabonder dans la nature, arpenter les multiples sentiers et pistes qui sillonnent les parcs nationaux, dormir dans des "huts" (cabanes/refuges), marcher... Le meilleur moyen d'apprécier le pays. J'y ai rapidement pris goût, au point d'avoir les jambes qui frétillent d'impatience à l'approche d'une rando de deux jours en montagne alors qu'avant, la seule idée de gravir mille mètres de dénivelé m'aurait fatiguée d'avance. On respire, on se perd dans des forêts de conte de fée, on s'émerveille devant un rien et à l'issue de quelques heures ou d'une journée d'effort, on est récompensé par un paysage sublime, une baignade dans l'océan ou des sources d'eau chaude, des rencontres sympas au coin du feu ou la paix tranquille d'une hutte perdue au bord d'un lac.  

Il y a les "great walks" et d'autres randos tout aussi sympas, qualifiée "d'introduction" par mon hôte français de Christchurch, qui s'est empressé de me donner quelques bonnes idées:


- Vision panoramique sur des montagnes, des vallées glaciaires et le Mont Cook  : Mueller hut route





NB: superbe par temps dégagé. Très bel endroit pour passer une nuit entourée de montagnes à seulement quatre heures de marche du village (dans la petite cabane rouge sur la photo). 


- Forêt humide et sources d'eau chaude : Copland track to Welcome flat hut





NB: ça vaut la peine d'y passer deux nuits, vu qu'il est possible de faire une excursion d'une journée à partir de la welcome flat hut qui donne vue sur des paysages différents (photo ci-contre). Sinon, c'est six à sept heures de marche en forêt humide (magique mais répétitif) deux jours de suite. En vous souhaitant d'avoir plus de chance que moi avec la météo (j'ai fait le retour en quatre heures : la pluie m'a motivée). Conseil de mon hôte: n'oubliez pas les bières. 



- Plages méditerranéennes (avec un peu de chance, vos seuls compagnons sur la plage seront des cormorans et des étoiles de mer) : Abel Tasman track. Ça ressemble à la Méditerranée (sans hôtels) mais la faune et la flore sont bien différentes. Un sentiment de familiarité un peu troublant (rêve ou réalité...). La partie au Nord de Totaranui est moins fréquentée, ce qui procure le sentiment délicieux d'être le premier à fouler le sable d'une plage déserte. Et quand vous êtes les seuls à y camper, ça a un goût de paradis: vue sur la plage, les étoiles et le lever du soleil.





Ce qu'on ne vous dit pas : il y a des sandflies. Elles piquent et peuvent rendre fou un catalan. 



- Marche de 3 à 4 heures sur une crête avec arrivée au bord d'un lac alpin : Angelus Hut route






Mon hôte kiwi avait quant à lui un poster des "huts" les plus reculées du pays sur le mur de ses toilettes, de quoi rêver aux cinq jours qu'il passe régulièrement dans l'arrière-pays. Et c'est effectivement un plaisir. Qui plus est, facile à préparer pour les novices avec l'aide du site du DOC (department of conservation). Nombreux sont les voyageurs qui se convertissent au trekking en Nouvelle-Zélande et certains deviennent même tellement accros qu'ils envisagent la traversée du pays à pied (quatre mois, me semble-t-il). Pour ma part, l'idée de porter quatre jours de nourriture sur le dos m'a légèrement freinée. Je me suis contentée de deux, trois jours. Ce serait à refaire, je me lancerais sur le Routeburn track et le Heaphy track, fort appréciés des marcheurs que j'ai rencontrés.

A vos chaussures! (et ceux qui ont suivi mes préparatifs de départ savent que ça compte...). 

samedi 22 mars 2014

Quand un auto-stoppeur se transforme en compagnon de voyage à l'approche d'un cyclone

Je terminais mon road trip sur la côte Ouest (sans radio fonctionnelle et sous les nuages, l'intérêt est limité) et m'apprêtais à remonter jusqu'à Karamea, l'une des zones les plus reculées de la région, lorsque j'appris que les restes d'un cyclone allaient bientôt balayer l'île. Indécise quant à l'intérêt de poursuivre ou non sur des routes qui se finiraient vraisemblablement en pistes sous l'orage pour atteindre un village de trois habitants, j'ai fini, après une vingtaine de kilomètres et un feu rouge un peu trop long, par faire demi-tour. Dans le même temps, désespéré de trouver un chauffeur pour Karamea, un auto-stoppeur espagnol venait de renoncer à son projet et de traverser le bitume pour faire la route dans l'autre sens. Je me suis arrêté :

"Tu vas où?"
"Nelson"
"Moi aussi. Monte..."

On démarre, les présentations se font rapidement, un catalan, une bretonne, l'anglais en commun, puis: 

"En fait, j'essayais d'aller à Karamea, mais personne ne s'est arrêté. Au bout d'une heure et demi, j'ai fini par traverser pour rejoindre Nelson." 

...Crissement de pneus et arrêt d'urgence sur le bas-côté...

"C'est pas vrai! Moi aussi, je voulais me rendre à Karamea. J'ai renoncé à cause du cyclone. Si ça se trouve, ça ne sera qu'une grosse pluie, mais dans le doute... On peut toujours y aller, à deux, ça se tente."
"Pourquoi pas? Les deux me vont."

A l'issue d'un suspense intenable, on a néanmoins conclu qu'on préférait se mettre à l'abri dans une grande ville plutôt que de rejoindre l'un des villages les plus inaccessibles de Nouvelle Zélande. Voici comment j'ai rencontré Santiago, qui s'est improvisé compagnon de voyage pour quelques jours, juste au moment où je commençais à en manquer. Je dois avoir un ange gardien attentionné.

"Tu connais "la muerte"? Cette forme que prend la mort quand elle apparaît à sa prochaine victime, avec la faux et tout l'attirail?"
"Oui. On l'appelle l'Ankou, en Bretagne."
"Et bien, cette histoire de routes, ça me rappelle ce conte où la mort apparaît à un homme dans son village, disons, Karamea. Terrifié, il prend ses jambes à son cou et file le plus loin possible, dans un autre village, appelons-le Nelson. C'est alors que la Mort remarque: "tiens, c'est curieux, je ne m'attendais pas à le voir à Karamea; on a rendez-vous à Nelson"

... J'ai commencé à m'interroger sur les intentions réelles de mon ange gardien ... 

Après plusieurs heures de route et de discussion, on a fini par atteindre Richmond, à 12 kilomètres de Nelson. L'entrée en zone urbaine est industrielle, sans charme aucun, dissuasive au possible, comme dans la plupart des villes néo-zélandaises. Un panneau indique la direction de Takaka, de l'autre côté des collines, un village tendance bio, végétarien, vie communautaire et bohème, m'a-t-on dit. Je décide de zapper Nelson, non sans proposer à Santiago de l'y déposer. Pas plus enthousiaste que moi à l'idée d'y passer la nuit, il décide de se joindre à moi. Et nous voici partis pour la Golden Bay, sous une pluie légère et un vent naissant qui s'accentuent à l'approche de Takaka.

"Tu m'as dit que c'était un peu hippie, c'est ça?"
"Oui, pourquoi?"
"Je viens de voir passer un cycliste nu". 
"Sauf ton respect, je pense que tu hallucines. Il est temps qu'on arrive".
"Je t'assure! Tiens, d 'ailleurs, en voilà un deuxième". 

Sur ce, Eve à bicyclette nous dépasse avec un grand sourire, les lettres "born naked" tracées dans son dos au cas où on aurait eu un doute. On dépasse un restaurant bio et local, "dangerous food", et je commence à prospecter les backpackers, ces hôtels pour voyageurs à petit budget qui transportent leur vie dans leur sac à dos. Ils sont tous complets: on n'est pas les seuls à avoir entendu parler du cyclone. Santiago prospecte les campings et nous ouvre une perspective enthousiasmante : dormir dehors sous l'orage. La pluie commence à tomber dru et le vent gagne en puissance. De désespoir, j'ouvre mon guide de 2006 et appelle le Shambala, situé à une quinzaine de kilomètres de Takaka. Miracle: il existe encore et il lui reste deux lits. 

Nous mettons le cap vers cette auberge providentielle, laquelle s'avère située à la toute fin d'une piste en terre battue de deux kilomètres, perdue dans la végétation et traversée par une rivière en contre-bas alors que le ciel s'apprête à déverser des trombes d'eau. Le jour commence à tomber, le vent et la pluie s'intensifient. En roulant: 

"Rappelle-moi pourquoi on est là?"
"On voulait se mettre à l'abri dans une grande ville".
"C'est réussi". 
"Tu connais le Rocky horror picture show? Cette comédie musicale rock des années 70? C'est fou comme cette route me rappelle le début du film, lorsque Susan Sarandon et son compagnon se perdent dans la campagne par une nuit d'orage avant de trouver refuge dans un château habité par le "sweetest transvestite from Transsylvania"."
"Tu as dis château? Parce que là, c'est marqué "Castle Shambala"". 
"Sans rire?!... Il ne manquerait plus que la rivière déborde et qu'on se retrouve pris au piège"

Sur cette route étroite, impossible de faire demi-tour. A ce stade, la seule option était d'avancer. Nous avons fini par arriver sains et saufs au Shambala. Pas de sweet transvestite. J'étais presque déçue. Un certain John, peu bavard mais les yeux pétillants, tendance méditation et yoga, nous a ouvert les portes de son domaine. Vue sur des vagues déchaînées. Nous étions aux premières loges pour le cyclone. 

"On voulait se mettre à l'abri, c'est bien ça?"
"C'est bien ça. Te plains pas, on a une vue superbe". 

***

NB: la rivière a bien débordé, me bloquant ironiquement à l'extérieur de la propriété. On revenait d'une descente de chocolat à Takaka. La gourmandise me perdra. Heureusement, John nous a sauvés, après quelques bières pour patienter au Mussel inn, de l'autre côté de la route. Dégager un tronc d'arbre d'un pont pris dans une rivière en crue? Un jeu d'enfant pour un Kiwi.  

lundi 3 mars 2014

Nouvelle Zélande : de Kaikoura aux fiords


Quelques idées pour des débuts en Nouvelle-Zélande

Dormir comme un phoque (une idée de réincarnation pour la prochaine vie)


Chercher le pingouin à Bushy Beach (Oamaru)


Se perdre dans une étrange galerie victorienne (Oamaru)


Tracer la route vers Glenorchy, à la recherche du Seigneur des anneaux


Mettre le cap au Sud vers Te Anau et se dire que la campagne, c'est beau (bye bye Paris)


Survoler Doubtful Sound


Croiser quelques oiseaux étranges (des Takahe), bien incapables de voler


Observer, fascinée, les montagnes de "Fiordland" dégorger d'innombrables cascades


Et apprécier l'atmosphère cinématographique (et humide) de Milford Sound



4,5 millions d'habitants, dont 1,5 dans l'île du Sud, où je me trouve actuellement. Pas assez pour susciter des investissements conséquents dans les connexions Internet (souvent payantes et lentes). Les prochaines nouvelles viendront donc quand le dieu des télécommunications le voudra bien (je n'attendrai pas, néanmoins, que le marché néo-zélandais s'agrandisse, ça pourrait prendre des années...).