mercredi 25 septembre 2013

Excursion dans le centre de la Mongolie

Mon excursion dans le centre de la Mongolie n’aura duré qu’une semaine mais j’ai vu tant de paysages que j’ai l’impression d’être partie plus longtemps, d'autant plus qu'elle s'est conclue sur des instants grandioses.


Le dernier jour, nous étions hébergés par une famille nomade. Le père m'a emmenée avec lui sur ses chevaux pour aller rabattre le bétail avant la nuit : imaginez-vous suivre un cavalier mongol, revêtu d'un manteau traditionnel et d'un chapeau porté crânement, dont la silhouette se découpe dans les montagnes, avec une vue plongeante sur la vallée, au son de ses cris secs pour diriger le troupeau à la tombée du jour... C'était extraordinaire.




En dehors d’Oulan-Bator, ce sont de grands espaces sans aucune barrière, une respiration immense, des troupeaux en liberté, de chevaux, mais aussi de chèvres, de moutons, de vaches, de yaks et de chameaux.

Les aigles sont nombreux et les « grillons » volent. La nature est omniprésente et semble presque intacte. Quel bonheur de ne voir presque aucune ville, juste des étendues s’ouvrant sur un ciel immense. 




En six jours, j'ai vu des collines boisées, des steppes, une dune de sable, une ancienne plaine volcanique qui s'ouvrait sur une faille avec une cascade et j'ai écouté la litanie des moines au monastère bouddhiste de l'ancienne ville sacrée de Karakorum... J’ai suivi mon ombre au clair de lune et j’ai dégusté le silence de la nuit. J’ai été réveillée par les aboiements des chiens et un départ au galop (à la poursuite d’un loup ?). Je me suis aussi réveillée frigorifiée dans la yourte et me suis réchauffée auprès du poêle les nuits suivantes, que mes compagnons de voyage ont eu le courage d'alimenter toute la nuit. 


Dans le « petit Gobi » (des dunes de sable peu larges mais longues de 350 kilomètres qui semblent posées au milieu de nulle part), je suis montée sur un chameau blanc. Il paraît que ça porte chance, mais je ne recommencerai pas de sitôt... 

Il me reste à explorer l'Ouest (à proximité du Kazakhstan), le Sud (le désert de Gobi) et le Nord (lacs et forêts). Il me faudra donc revenir. A la période du Nadaam ou l’été, après m’être suffisamment aguerrie pour galoper à travers les steppes sur ces chevaux à demi-sauvage.

lundi 23 septembre 2013

La Mongolie, ce pays qui hante l'imaginaire et dont on sait finalement si peu de choses

J’aurais presque envie de vous le faire sur le mode « le saviez-vous ? ». Parce que je suis arrivée dans ce pays avec deux images en tête : des chevaux et des chamans. C'est un peu réducteur, certes, mais qui connaît vraiment la Mongolie à moins d’y avoir voyagé ? Au risque de sembler naïve, voici ce que j'ai appris :

- je n’aurais pas spontanément placé la Mongolie dans les pays asiatiques et pourtant, c’en est un. Pour moi, elle était… et bien je ne sais pas. A part. Unique.
-  les troupeaux de chevaux évoluent en toute liberté, mais aussi de moutons et de chèvres, de vaches et de yaks et de… chameaux ! Et pas seulement dans le désert de Gobi.
- le chamanisme renaît depuis la chute du régime communiste, mais 60% de la population est bouddhiste, le reste se partageant entre chrétiens (20%), musulmans (10%), athées et chamanistes. Le bouddhisme s’y est développé à partir du 16ème siècle et la Mongolie a produit neuf « saint lamas » et un dalaï lama.
- l'alphabet mongol est le cyrillique, avec quelques lettres différentes de la Russie, mais la langue se rapproche du coréen : après quelques temps d'immersion, notre guide comprendrait ainsi près de 40% des conversations en coréen sans l'avoir appris. 
- les enfants mongols naissent avec une tache bleue dans le bas du dos, qui disparaît après quelques mois ou années. C'est à cela qu'on décèlerait les descendants des cavaliers mongols sur le continent eurasien. 

On se souvient bien sûr de Gengis Khan, dont le nom suffit à évoquer des conquêtes et des hordes dévastatrices de cavaliers mongols. Mais se rappelle-t-on qu’au 13ème siècle, son empire s’étendait de la Bulgarie au Pacifique et de la Sibérie à l’Inde ?  Couvrant près de 33 millions de kilomètres carrés à son apogée. Peut-être le plus grand empire qui ait jamais existé.  Au 20ème siècle, la Mongolie a cédé le lac Baïkal et une partie de la Sibérie à la Russie qui l’avait aidé à conserver son indépendance face à la Chine, laquelle comprend une région dénommée « Mongolie intérieure ». Il en reste encore des traces aujourd’hui. On comprend mieux la présence du chamanisme et les similitudes constatées sur l’île d’Olkhon.

Aujourd’hui, la Mongolie est un pays grand comme deux à trois fois la France, avec 90 % de pistes et 10% de routes goudronnées. Autant dire qu’il faut s’accrocher quand vous partez pour un tour de plusieurs jours, voire semaines, sur les routes. Il paraît que le GPS ne fonctionne pas vraiment et j’imagine que les pistes changent au gré des saisons et des détériorations naturelles. Et ne comptez pas sur les yourtes pour vous repérer, vu qu’elles sont nomades… Bref, un bon chauffeur est un allié précieux.

La Mongolie compterait près de 3 millions d’habitants, dont plus du tiers à Oulan Bator, environ 300 000 dans deux ou trois autres grandes villes et le reste dispersé sur le territoire. Sa densité démographique est l’une des plus faibles au monde. Si vous voulez échapper à vos voisins, à la ville et à toute obligation sociale et professionnelle, vous savez désormais où venir dresser votre yourte ! Mais ça vous demandera de l’énergie pour trouver du combustible pour le feu, vous ravitailler en eau, aller chercher les troupeaux le soir, les défendre contre les loups et prédateurs éventuels,… Rassurez-vous, avec un panneau solaire et un smartphone, vous accéderez à l’électricité voire Internet. Une moto et un véhicule tout terrain en plus de ça, et vous voilà paré. Telle est la version moderne de la vie nomade.



A suivre: une excursion dans le centre de la Mongolie, un week-end dans le quartier des yourtes d'U-B (comme la nomme notre guide mongol qui a grandi en partie à L-A) et des photos.  

mercredi 11 septembre 2013

Le baïkal et l'île d'Olkhon


Après quatre mille kilomètres de train, puis une journée en minibus sur une route chaotique, me voici enfin sur les rives du lac Baïkal, en Sibérie orientale. Vieux de 25 millions d’années, il est situé sur le rift qui sépare l’Asie de l’Europe, contient 20% des ressources d’eau douce potable de la planète et atteint 1645 mètres de profondeur. Plus grand que la Belgique, il est si vaste qu’il se perd à l’horizon. D’octobre à mai, il est sous les glaces. Au point de pouvoir rejoindre l’île d’Olkhon en voiture. 

C’est sur cette dernière que nous avons jeté l’ancre  en ce début du mois de septembre. Le premier jour, la beauté du Baïkal sous le soleil était saisissante. Puis le temps a changé radicalement : des plaines battues par les vents, une mer intérieure agitée, tant d’espace, les odeurs des feux de bois allumés par les villageois le soir et ce silence la nuit… Des vaches et des chevaux en liberté, des routes de terre battue. Pour qui veut se retirer du monde, Olkhon est un rêve. C’est aussi une terre de chamanisme, où circulerait une énergie particulière. Des rubans porteurs de prières et de remerciements sont accrochés aux branches des arbres, manifestation la plus visible de croyances anciennes et certainement plus complexes.

Si la voyageuse que je suis l’apprécie tant, ce n’a sans doute pas été le cas des prisonniers envoyés en exil sous le rude climat sibérien. Des années 30 à 1956, elle abritait un goulag et les ruines d’une usine de poissons témoignent du passé. Près d’un port abritant quelques bateaux, une carcasse rouillée. Disparue avec la chute de l'Union Soviétique, l’électricité n'a été rétablie qu’en 2005. Depuis, le tourisme se développe et les constructions en bois se multiplient à côté d’anciennes maisons tombant en ruine, sans que les infrastructures ne suivent toujours. A se demander combien de temps l’eau du lac restera buvable.

Sur une plage, des Russes avaient tiré une petite roulotte jusqu’au bord de l’eau. Le séjour s’est ainsi conclu sur une fantastique séance de banya, avec branches de bouleau et plongeons dans les vagues du Baïkal (15 degrés maximum, je dirais…). A la fois vivifiant, ressourçant et apaisant.

mardi 10 septembre 2013

Quatre mille kilomètres, trois nuits et deux jours

De Kazan, j’ai rejoint Ekaterinbourg en train de nuit pour une courte journée, suffisante pour se balader dans la ville et se rendre dans l’église dédiée à la mémoire des Romanov, assassinés sur les lieux en 1918. Mais le plus excitant, au fond, était de savoir que le soir même, je partais pour quatre mille kilomètres de train en trois nuits et deux jours.


Forte de nos premières expériences, nous avons abordé la provodnitsa en toute sérénité avec nos billets électroniques achetés sur la version anglaise du site de la compagnie des chemins de fer russe. Mais contrairement aux premiers trains de nuit, pour ce trajet-là, nous devions les échanger au comptoir contre un billet papier. Un petit coup d’adrénaline avant le départ : j’ai gardé les sacs pendant que ma coéquipière courait au guichet avec ses quelques mots de russe et mon passeport, m’imaginant déjà rester à quai. Fort heureusement, elle est revenue en un temps record et nous avons pu prendre place dans le dernier wagon.

De l’Oural à la Sibérie, les forêts de bouleaux et marécages se sont succédé, avant de laisser place à un paysage plus ondulé. Nous avons traversé la campagne russe et ses villages de maisons en bois colorées, en faisant halte dans les villes industrielles. Dans les jardins, des vieux récoltaient les légumes et les fruits qu’ils nous vendraient peut-être sur le quai de la prochaine gare, à côté des beignets de pomme de terre et des chapka.

Tous les trains sont affichés à l’heure de Moscou, ce qui conduit à franchir des fuseaux horaires tout en restant à l’heure du départ. A Novossibirk, la nuit était tombée depuis longtemps lorsque nous avons fait halte, mais l’horloge indiquait 20 heures 45. A Irkustk, l’agent m’a réveillée à 3 heures du matin, en réalité, 8 heures… Partir en train vers l'Est est une bonne manière de s’acclimater en douceur au décalage horaire.

Quant à la troisième classe, le grand avantage a été de pouvoir lier connaissance avec nos voisins russes. Un petit garçon, Igor, notamment, m’a tenu une longue conversation sans que mes « je ne comprends pas » ne le découragent. L’homme face à nous traversait le pays pour rentrer chez lui à Chita, à un jour de train d’Irkustk, la capitale de la Sibérie orientale. Son entreprise lui avait payé l’avion pour l’aller (1 700 euros pour rejoindre Moscou…), le retour se faisait en train. La femme à mes côtés venait de rendre visite à sa fille et à son petit-fils ; sur ses deux enfants, l’un habite à l’Ouest, l’autre à l’Est, soit des heures de train en perspective. Ce qui n’est pas pour réjouir un Russe. 

Mais pour moi, c’était un plaisir. Nous étions loin de la classe affaire, comme nous l’a fait remarquer un voisin, mais je m’y suis attachée, à ce wagon et à ses passagers. A la provodnitsa qui est venue me chercher lors d’un arrêt en pleine voie pour que je puisse prendre une photo et à son collègue charmant et multi-tâches (je veux le même à la maison). Au point qu’on aurait volontiers continué un jour de plus !

Kazan, capitale du Tatarstan

Sur la route du transsibérien, j’ai décidé de faire un détour par Kazan, la capitale du Tatarstan. Une manière d’éprouver la diversité de la Russie fédérale. La République du Tatarstan présente la particularité d’abriter deux types de population : les Tatars, de religion musulmane et qui possèdent leur propre langue, et les Russes, de religion orthodoxe. Le Kremlin abrite ainsi une mosquée construite il y a dix ou vingt ans, qui serait la plus grande d’Europe, ainsi qu’une église orthodoxe, beaucoup plus ancienne et une tour qui penche.  

Dans les familles les plus traditionnelles, les mariages entre communautés restent encore mal perçus, mais la femme qui nous a reçues était une Tatare mariée à un Russe. Elle nous a introduites à la culture et aux mets tatars et nous a accompagnées dans la ville pour une promenade le long de la Kazanka. Le mélange d’architectures peut être détonnant : de vieilles maisons en bois, d’autres classiques ou néoclassiques, voire baroques, des barres d’immeubles soviétiques loin du centre, en passant par des fantaisies inclassables construites ces cinq dernières années pour les plus fortunés, sans puiser dans aucune tradition locale. En juin ou juillet, Kazan a accueilli les jeux sportifs universitaires 2013. Pour l’occasion, de nombreuses bâtisses ont été rénovées. C’est donc une ville toute pimpante que j’ai découverte sous le soleil.

Que faire un dimanche à Kazan ? La visite de la ville achevée, la question se posait à nous. La réponse nous a été apportée par notre hôte : une journée chez les chasseurs ! Nous avons été accueillies généreusement dans une datcha au milieu des bois, près d’un village, à grands coups de vodkas, l’une pour la rencontre, l’autre pour le voyage, et les autres, j’ai oublié pour quoi. Ah si, une autre pour avoir appris à tirer au fusil de chasse, après avoir survécu à une excursion en quatre x quatre sur les routes défoncées de la forêt, conduit par un Russe hilare qui s’écriait « Extreme Russia ! » à chaque chaos. Nous avons conclu cette journée inattendue mais fort sympathique par une séance de banya. 

Si les Russes m’ont semblé austères au premier abord, tous ceux que nous rencontrons nous accueillent généreusement et nous aident volontiers sur notre route, en dépit de la barrière de la langue. Ils me sont de plus en plus sympathiques.  

lundi 2 septembre 2013

Départ pour Irkoutsk

Nous voici à Ekaterinbourg, dans l'Oural, à la frontière Europe-Asie. Ce soir commence le long voyage en transsibérien, jusqu'à Irkoutsk. Trois jours de train: je les voulais, je les ai! Et maintenant, je me demande bien pourquoi... Bref, une expérience unique en perspective et des nouvelles dans une semaine, dix jours, le temps d'arriver et d'apprécier le lac Baïkal, sur l'île d'Olkhon.
La pétanque est un sport mondialement connu (quoique...):

La version de Saint-Petersbourg, sur l'île de la Nouvelle Hollande: 

"Ceci n'est pas une aire de jeux pour enfants, c'est un terrain de pétanque. Vous pouvez en apprendre plus et louer du matériel au bureau d'information. Merci!".





Et la version de Moscou, un vendredi soir au Parc Gorki: