dimanche 23 février 2014

De l'autre bout du monde


Me voici à présent à l'autre bout du monde, en Nouvelle-Zélande. C'était si près de l'Indonésie que je n'ai pas résisté. Atterrissage dans l'île du Sud, à Christchurch, la deuxième ville du pays et l'une des plus belles jusqu'à sa destruction par un tremblement de terre en 2011 et ses répliques successives pendant deux ans. Un traumatisme encore vivace. Des églises en ruine, des quartiers déclarés zone rouge, une ville endormie, un centre ville dans des préfabriqués, du street art pour le faire revivre... Si elle manque de charme, elle n'en reste pas moins intéressante. 

Les Néo-Zélandais sont fidèles à leur réputation: accueillants. En 12 heures, j'ai trouvé deux hôtes pour m'accueillir, le temps de me poser, de me reposer et d'organiser la suite. Le premier, à New Brighton, est venue me chercher à l'aéroport et m'a proposé de me joindre à eux pour du kayak dans le "diamond harbour" le lendemain; le second m'a reçu le soir d'un barbecue dans un autre quartier, Cashmere, plus chic et proche de départs de randonnée dans la réserve de Bowenval. 

Les paysages sont déjà assez beaux, en dehors des plaines et ce n'est qu'un petit aperçu de la beauté de la Nouvelle-Zélande. Vivement la suite!










mardi 18 février 2014

Un 14 février à Kuala Lumpur


Un 14 février à Kuala Lumpur, coeurs, anti-coeurs, et fin des festivités du nouvel an chinois

Devant un centre commercial, des slogans scandés : «  Non à la Saint-Valentin ! » des adolescentes musulmanes. Pourquoi ? « Parce que les gens fêtent le « Valentine's day » sans savoir que c'est une fête chrétienne ». Mais encore ? « Parce que neuf mois après, ça fait plein de bébés qu'on abandonne ». Mouais...


Mon coiffeur (le massage top, la coupe moins – photos censurées) : "Quoi ?! Vous voyagez sans sèche-cheveux ?!!"  "Ben... oui, c'est trop lourd pour mon sac" "Un sèche-cheveux de voyage ? Trop lourd ! Vous plaisantez ! Bon, un conseil : utilisez les ventilateurs dans les hôtels !".

Un vendeur, après de longues minutes de négociation tendues : « si tu viens ce soir, ici, à 21 heures 30, ce sac, je te le donne gratuitement ». Euh... dans un centre commercial déserté, seule avec toi, lorsque tous les autres magasins auront fermé ?... Comment dire...

Quinze jours après le nouvel an chinois, la danse du lion pour clôturer l'événement : le costume tombe, se révèlent un chinois et un indien. Ou le multiculturalisme de la Malaisie.

Derniers jours au Cambodge (avant les prochains !)


Traverser un pont en bambou



Buller dans un hamac au bord du Mékong (Mékong Bamboo Hut)



Donner son bain à un éléphant avec son mahaut



Participer à un mariage Khmer



Suivre une partie de billard dans un village en attendant le dépanneur



Goûter les glaces du vendeur ambulant de Kampot



Admirer la vue depuis le sommet du parc national de Bokor



Une petite faim sur la route du retour ?




Cambodge - Mondolkiri


Le Lonely planet vante le Mondolkiri comme la région boisée du Cambodge. Je suis arrivée par la route de Kampong Cham et mon inquiétude est allée croissante face à la succession de plaines brûlées et de plantations d'hévéas. La déforestation semble aller bon train ! Je me suis même demandé, un temps, s'il était encore possible d'y trouver de la jungle. Le fait est qu'il en reste, mais la situation est préoccupante. Une route goudronnée construite par des Chinois permet de rejoindre facilement Sen Monorom et les villageois ont tendance à couper les arbres pour les revendre au Vietnam. Il paraît que la déforestation est encore plus avancée dans le Ratanakiri, dans le Nord-Est, mais je n'ai pas eu l'occasion d'y aller. La région abrite l'ethnie Phnong ("le peuple des montagnes"), dont le mode de vie se modernise, ainsi que des éléphants domestiques et une centaine d'éléphants sauvages dans le parc national. Ce sont ces derniers et la perspective d'un trek dans la jungle qui attirent souvent les touristes. Les habitants ont donc tout intérêt à protéger les deux. 

Au programme de ce court séjour dans l'Est du Cambodge : baignade avec un éléphant, nuit dans un hamac avec vue sur la jungle et trek (je dirais plutôt ballade en forêt) en compagnie d'un guide phnong. Deux journées fort sympathiques. 





Monsieur Tree, qui tient le Tree lodge (bungalows à 3 dollars dans un cadre enchanteur), s'implique aussi dans le Mondolkiri project. Un peu méfiante de prime abord (mon mauvais esprit tendait à penser qu'il avait mis deux éléphants dans cette forêt pour attirer les touristes sans autre intention – en même temps, quelle alternative à la vente du bois et à la coupe des forêts ?), j'ai eu le sentiment qu'il était sincère et passionné lorsqu'il parlait de son projet tout récent : depuis octobre 2013, il a passé un accord avec les Phnongs auxquels appartient la forêt, en vue de protéger cette dernière, de développer la population d'éléphants et un tourisme responsable, en espérant pouvoir leur laisser le projet d'ici cinq ans. Il existe un projet plus ancien, l'Elephant Valley Project, qui défend également les éléphants. Vous pouvez vous y porter volontaire ou y passer une journée moyennant 70 dollars, sans possibilité de les approcher à moins de cinq mètres. Quelques recherches sur le net montrent que le projet est controversé dans la population locale. Difficile de savoir qui a raison, qui a tort. Mais avec Monsieur Tree, c'est 30 dollars, le soutien à un projet naissant et une vraie rencontre avec les éléphants. Plus une soupe de bambou traditionnelle. 












vendredi 14 février 2014

Kampong Chnang - Coup de coeur




















Des petits riens qui font beaucoup: 

s'asseoir à l'ombre avec quatre grands-mères revenant du temple
écouter un vieil homme réciter la Cigale et la fourmi, de la Fontaine, à l'entrée d'un village
danser sur le ponton d'une maison flottante et trinquer au nouvel an chinois
échanger quelques passes de badminton avec les filles du village Cham (musulman)
venir à "C'est ici" pour un renseignement et finir par y passer la soirée
voir les gamins s'écrouler de rire face à leurs bouilles sur l'écran



***

Kampong Chnang est mon coup de cœur du Cambodge. Pourtant, l'arrivée sur une grand place poussiéreuse sous un soleil brûlant n'avait rien pour me retenir. Après avoir posé mon sac dans un hôtel proche, dont le personnel s'employait à divers rituels (prières, offrandes et bon repas en vue du nouvel an chinois), je suis partie vers le port. Pas un touriste à l'horizon, des étals de marché, fruits, baguettes, œufs dur, brochettes, viandes en tout genre... Toutes les indications étaient en Khmer, la vie suivait son cours, certains étaient indifférents, d'autres me regardaient passer, intrigués, et les enfants testaient leurs gammes de "hello-what's-your-name".Immersion au cœur du Cambodge et fort sentiment d'étrangeté.

Je me promenais un peu désemparée le long du port lorsque j'aperçus l'enseigne "C'est ici". Et c'est là que j'ai rencontré Didier et Dany, qui tiennent la guesthouse du même nom. En un coup de fil, ils m'ont organisé un tour en barque avec une vietnamienne du village flottant. Curieuse, je leur ai demandé pourquoi ils s'étaient installés ici. Didier m'a fait signe de le suivre sur la terrasse à l'étage: "Pour ça", m'a-t-il répondu. Devant nos yeux, s'étendaient le port, les villages flottants, le lac et au loin, les montagnes. "Et pour les gens", a-t-il ajouté, "parcourez les campagnes à vélo et vous comprendrez. Je serais étonné qu'on ne vous invite pas en chemin".


Je suis donc partie faire un tour dans le village flottant vietnamien. Ses habitants sont arrivés en 1976 avec leurs maisons, d'abord quelques-uns et aujourd'hui, un village entier. La ballade se poursuivait de "rue" en "rue" lorsqu'un groupe m'a fait signe de les rejoindre. Ils fêtaient le nouvel an chinois avec karaoké, bières et musique à l'appui. Ma batelière m'a débarquée, l'ambiance est montée d'un cran et je me suis retrouvée à danser sur le ponton d'une maison flottante, avec un verre qui ne désemplissait pas et des hôtes qui ne voulaient plus me laisser partir.


Le lendemain, j'ai pris le ferry pour traverser le fleuve et explorer l'autre rive: des pistes de terre rouge, des palmiers sucriers, un fermier qui reconduit ses vaches au pré, des tas d'herbes de riz séché pour le fourrage des bêtes et un soleil qui tape fort. Quatre grands-mères m'ont invité à faire une pause à l'ombre avec elles. Sourires, curiosité réciproque, tentative de conversation, rires d'incompréhension, des petits riens qui font beaucoup. A la tombée du jour, lors d'une ballade dans le village musulman (on y trouve même une mosquée sur pilotis), je me suis retrouvée à partager des passes de badminton à l'invitation d'une gamine amusée par ma présence. Puis au bord du fleuve, c'est un vieil homme qui a puisé dans ses souvenirs d'enfance pour me réciter La Cigale et la fourmi de la Fontaine. Il avait étudié le français dans les années 60, à l'école primaire. Il lui en restait cette poésie et quelques phrases, même si les occasions de pratiquer lui manquaient.




De retour à la guesthouse, j'ai longuement discuté avec Didier et Dany, amoureux de cet endroit. Ce sont eux qui m'ont donné envie d'y rester plus d'une journée. Ils ont quitté la France il y a une dizaine d'années, un ras-le-bol d'une vie dédiée au boulot, et sont partis sur les routes. Ils se sont arrêtés au gré des rencontres, jusqu'au Cambodge. Après avoir tenu une guesthouse dans une autre ville et habité dans un village, ils ont jeté l'ancre à Kampong Chnang. Ils se contentent d'y vivre, simplement, aux côtés des Cambodgiens. Entre-temps, il y a bien eu un retour en France, mais il s'est soldé par une bonne déprime. Après avoir vécu ici et ailleurs, difficile de supporter d'être pris pour un fou lorsqu'on parle à des étrangers ; ça me rappelle la chape de plomb qui m'est tombée sur les épaules lorsque j'ai remis les pieds à Paris pour la première fois après un an à l'étranger. 

La vie n'est pas idyllique, dans ces campagnes. Au retour du ferry, deux personnes portaient un jeune homme évanoui. Il n'a pas repris connaissance une seule fois. A quels soins a-t-il accès? A-t-il même une chance de s'en sortir? Il y a aussi cette jeune femme enceinte, qui n'a pas toute sa tête et dors sur un tas de bois la nuit. La pauvreté est une réalité, même si certains s'en sortent mieux que d'autres, mais les sourires restent nombreux et les enfants joyeux (certes, ils ne connaissent rien d'autre). Un jour qu'ils étaient débordés, leur voisine a réalisé qu'ils n'avaient pas le temps de manger et leur a apporté un plat. C'est pour tous ces petits riens qu'ils vivent là. Et eux-mêmes n'en sont pas avares. Alors que je venais demander un renseignement, je me suis vue répondre: "Ici, on commence par s'asseoir..." et j'ai fini par y passer la soirée. Pour vivre comme ils le font, il faut être capable de vivre au présent et de rompre avec le mode de pensée occidental qui tend à tout planifier. C'est ainsi qu'ils semblent avoir trouvé leur bonheur. Une vie au jour le jour et des relations humaines simples et chaleureuses. 

Pour tous ces petits riens et pour cette immersion au coeur des campagnes, Kampong Chnang et "C'est ici" resteront mon gros coup de coeur du Cambodge. 





mardi 11 février 2014

Cambodge - Kompong Luong, une nuit dans un village flottant


Me voici à Kompong Luong, sur le ponton de la maison flottante de mes hôtes, au bord du Tonlé Sap. Le village est étonnant, on y trouve de tout : 
des habitations, des boutiques de téléphone, des épiceries, un garage, une église, un temple vietnamien, un autre bouddhiste, une usine à glace, un restaurant, un poulailler, une porcherie et j'en passe... 
tout cela dans des constructions de bois avec des toits de tôle flottant sur des assemblages de bambous. 


Des cartons sont jetés à l'eau, des plastiques jonchent les berges, mais la maison qui nous accueille est bien tenue ; sa maîtresse se repose dans un hamac, une petite fille d'un an dans les bras. Comment ces villageois, pour la plupart originaires du Vietnam, en sont-ils venus à vivre-là ? Ont-ils été chassés des terres ou s'agit-il d'un mode de vie ancestral ? 
Les rues sont la rivière et le lac, les véhicules sont des barques à moteur ou à rames, les marchandes de fruits et légumes et le livreur de charbon se déplacent lentement, de maison en maison, à la force des bras. 

Des pneus recouvrent les angles pour amortir les chocs. Au passage des bateaux à moteur, le sol tangue. 


Cette jeune femme qui nous accueille, peut-elle se déplacer seule ou passe-t-elle ses journées ici ? Son faible niveau d'anglais et mon niveau inexistant de Khmer ne m'ont pas permis d'en discuter vraiment avec elle. Elle m'a juste dit que c'était petit et que son travail, c'était la maison et sa fille d'un an. Quant à son mari, il est batelier et promène les curieux, lorsqu'il y en a. Et quand on est gamin, on fait comment pour rejoindre ses copains ? A la nage, à la rame ? L'individualisme n'a certainement pas sa place ici. 

Demain, c'est le nouvel an chinois. Un voyageur de passage et moi-même décidons de rejoindre la fête foraine installée sur la rive. Nous parcourons le chemin les pieds dans l'eau. Une vieille roue métallique, des stands de tirs aux fléchettes, des chevaux de bois volants, une piste de danse et une ambiance un peu surréaliste. Nous sommes les seuls étrangers et la fête bat son plein. Les gamines sont toutes excitées et certaines espèrent que nous jouerons avec elles (sous-entendu, que nous leur paierons les manèges). Elles auraient tort de ne pas tenter leur chance mais pourquoi payer l'entrée à une et pas aux autres ? Nous quittons les lieux après quelques pas de danse, pas mal de sourires et une partie de fléchettes. 

Cinq heures du matin: réveil au bruit du générateur. L'aube se lève à peine, mais les maîtres de maison sont à pied d'oeuvre. Le coq sacrifié la veille repose sur le ponton, entouré d'offrandes. L'homme murmure des prières tout en versant à boire dans des verres, avant de faire flamber toute une série de faux dollars. Une manière d'honorer les esprits et d'attirer la bonne fortune sur le foyer pour la nouvelle année. Puis il se lève et allume une guirlande de pétards tout en courant se planquer à l'arrière de la maison. J'ai juste le temps de m'abriter de l'autre côté du ponton et tout explose. Bonne année ! Les pétards résonneront toute la journée. 

Je quitterai mes hôtes après la dégustation du coq pour rejoindre Kompong Chnang, une petite ville au bord du lac, à laquelle sont accolés deux villages flottants, l'un vietnamien, l'autre musulman, à deux heures de là.

lundi 10 février 2014

Cambodge - Battambang

De Siem Reap, j'ai rejoins Battambang, une petite ville au bord d'un fleuve qui garde des restes d'architecture coloniale. Il fait bon y flâner et certains voyageurs y jettent l'ancre plusieurs jours. Personnellement, un bref passage m'a suffi. 

J'ai commencé par assister à une représentation du cirque Phare, un spectacle plein d'énergie et d'humour pour une noble cause : le soutien à des enfants en difficulté et à leurs familles à travers l'éducation et l'art. Deux d'entre eux viennent de rejoindre une école internationale de cirque à Montréal pour la plus grande fierté de l'association. 

Je suis ensuite partie explorer les campagnes sur des pistes de terre rouge. Je me suis rendue à un temple pré-angkorien recouvert de végétation, puis sur une colline donnant sur des champs et des palmiers sucriers à perte de vue. Le site, couronné de temples bouddhistes, est aussi fort apprécié des singes, au grand dam de la gardienne des lieux: 









Les lieux sont aujourd'hui paisibles, mais les grottes toutes proches ont abrité les massacres commis par les khmers rouges. Elles sont devenues un lieu de mémoire et se visitent aussi. A la tombée du jour, j'ai assisté, fascinée, à l'envol de milliers de chauve-souris pendant de longues minutes. Le phénomène attire des rangées de tuk-tuk et des armadas d'appareils photos. Le mien m'a lâché à ce moment-là... 

En attendant, j'ai eu le plaisir de discuter avec des adolescentes cambodgiennes qui profitent de la présence des voyageurs pour pratiquer leur anglais. D'une rafale de questions banales comme « What's your name ? » « What do you do ? » etc., on est passé à des questions plus brûlantes lorsque l'intello de la bande, qui projette de devenir pharmacienne, s'en est mêlée (la première, dont le rêve est de voyager, a fini par fuir) : « What about the education in France ? », « Can you study for free at the university ?  Here, with money, you can do everything ; without money, you can't do anything», puis « What do you think of politics ? » « How would you describe the Khmer Rouges ?»... L'envol des chauve-souris est survenu à point nommé pour me sauver d'une réponse plutôt complexe... 

Ce court séjour à Battambang était bien sympathique, mais le virus de la route m'avait repris et même l'excellente mousse au chocolat du Choco l'art café n'a su me retenir (la première en six mois). Le lendemain, j'ai sauté dans un bus direction le village flottant de Kompong Luong, attirée par la perspective d'une nuit chez l'habitant. Prochain épisode à suivre...

dimanche 9 février 2014

Cambodge - Les temples d'Ankor

Les temples d'Angkor ont motivé mon détour par le Cambodge et leur apparition a été un grand moment. Le complexe est gigantesque et les temples de pierre ne sont qu'une partie des anciennes villes royales qui se dressaient autour d'eux. Ce sont les seuls à avoir survécu aux siècles écoulés. Ils témoignent encore de la grandeur de l'empire Khmer. On y retrouve un mélange d'hindouisme et et de bouddhisme, en fonction des préférences religieuses des rois successifs. Outre le lever de soleil sur Angor Wat, j'ai beaucoup aimé le Ta Promh et ses arbres qui ont pris possession des pierres, ainsi que le Banyon et ses visages. Les livres sur le sujet sont si nombreux que je m'arrêterai là. Je préfère vous laisser sur quelques photos. 








Côté pratique, à moins de penser qu'avoir vu un temple revient à les avoir tous vus, il faut au moins trois jours, ne serait-ce que pour prendre le temps de flâner et de s'imprégner de l'atmosphère. Il est possible d'éviter les cars de touristes en se levant tôt, en visitant les temples au moment du déjeuner ou en suivant le petit circuit en sens inverse. Certains ont aimé découvrir le site au lever du soleil: arriver de nuit et voir le temple se dessiner progressivement dans la lumière du jour naissant. Pour les déplacements, ce serait à refaire, j'opterais pour le vélo en me faisant amener en tuk tuk avec ma bécane pour éviter une heure de pédalage sur une grande route. J'ai acheté un guide à l'entrée pour 7 dollars: on le trouve ensuite à 1 dollar dans l'enceinte des temples... Bon à savoir! A moins que vous n'optiez pour l'un des guides locaux.  

samedi 8 février 2014

Cambodge - Phnom Penh

Me voici au Cambodge depuis deux semaines. On m'a dit: "dix jours, c'est bien assez". Et au bout de cinq jours, je sentais déjà que ce ne serait pas suffisant. J'ai donc prolongé et ça en valait la peine.

J'ai atterri à Phnom Penh. C'est la saison sèche, en ce moment. De l'avion, j'apercevais des plaines desséchées parsemées de palmiers à sucre. A l'arrivée, un tuk tuk m'a amenée à mon hôtel par une route nationale poussiéreuse sur laquelle voitures, tuk tuk, vélos et motos conduisaient au coude à coude. J'ai commencé mon séjour par un peu d'histoire, direction le palais national. 

Comparé aux fastes des temples de Bangkok, il n'est pas très impressionnant, mais le guide était intéressant. Le retour du roi, dans les années 90, Norodom Sihanouk, a marqué le début d'une période plus apaisée. Il n'exerce pas le pouvoir, mais il occupe une place symbolique importante. Depuis 2004, c'est son fils, Norodom Sihamouni, qui vit au palais. Tout seul. Sans enfant, ni femmes. Un roi? "C'est son choix", m'a-t-on répondu. Il a fait des études d'art, a été professeur de danse classique à Paris puis a contribué à promouvoir le ballet classique du Cambodge au patrimoine de l'humanité. 

J'ai assisté à un spectacle Plae Plakaa, au Palais royal, et j'ai été assez impressionnée. Ces deux types de danse se rapprochent par leur sens du détail, de la grâce et de la perfection jusque dans la position des doigts, en ajoutant, pour le Cambodge, le chant et l'expressivité des danseurs. C'est d'autant plus admirable que sous les khmers rouges, de 1975 à 1979, l'élite artistique et intellectuelle du Cambodge a été décimée. En 1998, un programme de soutien à quelques artistes a été lancé pour assurer la transmission ; il a fêté ses quinze ans en 2013, après avoir contribué à former une nouvelle génération aux arts traditionnels du théâtre, de la musique et de la danse. 

Ma seconde journée à Phnom Penh était dédiée à l'histoire contemporaine du Cambodge. Une visite sur le site de Choeung Ek, autrement dénommé "killing fields", une autre à la prison Tuol Sleng ou S21. Sous la dictature des Khmers rouges, S21 servait de lieu d'interrogatoire. Torture, exécutions, aveux forcés et imaginaires au programme. Y étaient enfermés tous les opposants supposés au régime, enfants compris. Moins de 200 survivants auraient été recensés sur les 16 à 20000 personnes qui y ont été conduites. A la libération de la prison, il n'y avait que sept survivants. Celle-ci était installée dans une école primaire. Elle est restée pratiquement en l'état et l'atmosphère était encore pesante dans ses pièces. Pour ceux que le sujet intéresse, Rithy Panh a réalisé un documentaire assez saisissant sur Duch, l'homme qui dirigeait cette prison, dans lequel il recueille la parole du bourreau tout en la mettant en perspective avec des archives (Duch, le maître des forges de l'enfer). Choeung Ek est la suite logique de S21: c'est un lieu d'exécution où plusieurs charniers ont été découverts. Les exécutions se faisaient sans balles, avec les outils disponibles. Je vous passe les détails.

Personnellement, dans le lieu suivant, je n'avais pas trop envie de rire. Mais on n'est jamais trop prudent:

 



Des visites difficiles, mais incontournables. Les Khmers rouges ne sont réellement tombés qu'à la fin des années 90 et pendant longtemps, les bourreaux ont représenté leurs victimes sur la scène internationale, à l'ONU. Les Cambodgiens que j'ai rencontrés sont très allusifs sur le sujet: "on devait travailler beaucoup", "on nous a déplacés de l'autre côté du fleuve"... Point. La plaie est encore ouverte. Le premier ministre actuel est un ancien milicien. Son gouvernement, soutenu par les Vietnamiens, est autoritaire et corrompu. Sa victoire aux dernières élections, suspecte. L'opposition? Didier, un Français qui vit depuis sept ans au Cambodge n'était pas très optimiste: "Son leader, je l'ai connu. Il ne vaut pas mieux. La seule différence, c'est qu'il veut mettre tous les Vietnamiens dehors. Comme si le Cambodge avait besoin d'une nouvelle guerre civile". Je suis arrivée au Cambodge quinze jours après la manifestation dont la répression a causé la mort de quatre personnes. Les ouvriers et l'opposition se rejoignent. En tant que voyageuse, on n'en voit rien. On entend seulement des bribes, une phrase de son chauffeur du jour - "On a besoin d'un nouveau gouvernement; celui-là agit contre la population" - ou l'interrogation d'une adolescente de 17 ans, bonne élève, qui trouve que "la politique, c'est compliqué" et conclut que "troubler l'ordre public, c'est mal"... Je me demande à quelle information elle a accès. J'aimerais voir de l'espoir dans la jeunesse qui a accès à un minimum d'éducation et dont le dynamisme est sensible. Didier vous dirait "Qu'y pourra-t-elle? Le système est pourri. Le Cambodge est tenu par les Vietnamiens, sans compter les visées de la Thaïlande et de la Chine sur ses ressources".

Et malgré ça, malgré des salaires de rien, malgré la pauvreté du pays, connu pour ses enfants des rues et destination privilégiée du tourisme sexuel, malgré la corruption et ce passé terrible, les Cambodgiens, par leurs sourires et leur sens de l'accueil, rendent le voyage dans ce pays mémorable. J'ai demandé à Didier pourquoi il restait, avec sa vision si noire de l'avenir du pays: "Pour les gens, m'a-t-il répondu, ils sont merveilleux". Dans les prochains articles, promis, on passe à des sujets plus gais.

Et sinon, Phnom Penh, dont je manque malheureusement de photos, m'a bien plu: vivante, dynamique, chaotique... Ceci dit, je n'ai pas rencontré sa face sombre. 

lundi 3 février 2014

samedi 1 février 2014

Escale à Kuala Lumpur - suite

Une fois Thaipusam passé, j'en ai profité pour visiter un peu Kuala Lumpur. Soyons honnête, la ville est plutôt laide. D'un côté, un quartier avec des tours super modernes, dont les fameuses Petronas, de l'autre, des restes d'architecture coloniale britannique, des constructions de béton, des cabanes en bois... Aucune unité, beaucoup de contrastes, mais un vrai multiculturalisme et des habitants très sympas. 

Je suis ainsi passée du quartier Chinois au quartier Indien tout en visitant la mosquée nationale, qui promeut un message modéré, et le musée des arts islamiques dont la collection vaut le déplacement, ne serait-ce que parce qu'elle fait la part belle à l'Asie, ce qui est plutôt rare dans nos pays. Indiens, Tamouls, Chinois, Malais, Bouddhistes, Musulmans, Hindous... Ce n'est pas en quatre jours qu'on approfondit une telle problématique, mais les différentes ethnies et religions semblent aujourd'hui cohabiter pacifiquement (les dernières émeutes remontent au 13 mai 1969). Certains se présentent comme "nés Chinois", d'autres ne savent plus trop d'où ils viennent.  

- la voyageuse : "are you born chinese?"
- un vendeur du quartier chinois : "No. I come form the North of Malaysia. Well, from the South of Thailand. I used to live in different places". 
- la voyageuse : "So, who are you?"
- un vendeur du quartier chinois : "I don't know!" (rire)... "a mix!"

Je suis aussi allée de rencontre en rencontre ce jour-là. Une vendeuse chinoise a fermé sa boutique pour me montrer les rares échoppes du marché central qui vendaient de l'artisanat authentique et non des produits importés de Chine et de Thaïlande (en même temps, les sandales que je lui ai achetées m'ont duré dix jours...). Deux Malaisiens de Bornéo m'ont invité à partager une bière alors que je venais de me poser en terrasse et l'après-midi s'est achevée dans les rires en leur compagnie et celle d'une petite grand-mère qui s'était jointe à nous en attendant son fils. C'est elle qui m'a recommandé le Skybar, un endroit assez branché d'où l'on a une vue sur les tours Petronas. Puis c'est un Chinois qui m'a conseillé de rejoindre les grottes de Batu pour la cérémonie de minuit et un couple de grands-parents indiens qui se sont arrêtés pour m'y emmener en taxi, en me mettant en garde contre les chauffeurs de taxi qui ne manqueraient pas de me proposer cinq fois le prix d'une course ce soir-là (sauf eux). Ils m'ont raconté le festival, les offrandes et m'ont donné de nombreux conseils tout en me laissant leur numéro de téléphone au cas où. Quel bonheur de renouer avec des relations humaines désintéressées !

Deux choses m'ont aussi marquée, en visitant Kuala Lumpur. La première me fait sourire et me rappelle la course que la Corée du Nord et la Corée du Sud se sont livrées pour hisser leur drapeau plus haut que l'autre dans la zone démilitarisée jusqu'à ce que l'une des deux arrête, c'est le nombre de "plus grand au monde" que la Malaisie s’enorgueillit de posséder: le plus grand porte drapeau, les plus grandes tours jumelles (on peut monter au 86ème étage) et j'en passe. La seconde fait réfléchir : en visitant les tours Petronas, on peut visionner un film sur le peuple malaisien présenté comme "dynamique, compétent, créatif, innovant, entreprenant,..." Quel contraste avec la France et sa morosité! De ce point de vue, je dois dire que le pays ne me manque pas du tout. La famille et les amis, oui, bien sûr, mais la France, sa crise, ses politiques et son moral en berne, non. Du coup, un pays qui porte un discours tourné vers l'avenir, en faisant preuve d'optimisme et en ayant foi dans ses atouts, ça fait du bien. C'est sans doute plus facile pour un pays jeune en plein développement, mais c'est aussi un état d'esprit.

En conclusion, la Malaisie semble être une super destination pour ses habitants et son mélange de cultures. Après avoir envisagé la partie malaisienne de Bornéo, j'ai décidé de la garder pour une prochaine fois, histoire d'avoir le temps d'organiser une plongée à Sipadan. Il me restait quinze jours avant de quitter l'Asie du Sud-Est et je n'avais pas encore vu les temples d'Angkor... J'ai donc craqué pour un billet pas cher pour le Cambodge, d'où je vous enverrai les prochaines nouvelles.