mardi 10 septembre 2013

Quatre mille kilomètres, trois nuits et deux jours

De Kazan, j’ai rejoint Ekaterinbourg en train de nuit pour une courte journée, suffisante pour se balader dans la ville et se rendre dans l’église dédiée à la mémoire des Romanov, assassinés sur les lieux en 1918. Mais le plus excitant, au fond, était de savoir que le soir même, je partais pour quatre mille kilomètres de train en trois nuits et deux jours.


Forte de nos premières expériences, nous avons abordé la provodnitsa en toute sérénité avec nos billets électroniques achetés sur la version anglaise du site de la compagnie des chemins de fer russe. Mais contrairement aux premiers trains de nuit, pour ce trajet-là, nous devions les échanger au comptoir contre un billet papier. Un petit coup d’adrénaline avant le départ : j’ai gardé les sacs pendant que ma coéquipière courait au guichet avec ses quelques mots de russe et mon passeport, m’imaginant déjà rester à quai. Fort heureusement, elle est revenue en un temps record et nous avons pu prendre place dans le dernier wagon.

De l’Oural à la Sibérie, les forêts de bouleaux et marécages se sont succédé, avant de laisser place à un paysage plus ondulé. Nous avons traversé la campagne russe et ses villages de maisons en bois colorées, en faisant halte dans les villes industrielles. Dans les jardins, des vieux récoltaient les légumes et les fruits qu’ils nous vendraient peut-être sur le quai de la prochaine gare, à côté des beignets de pomme de terre et des chapka.

Tous les trains sont affichés à l’heure de Moscou, ce qui conduit à franchir des fuseaux horaires tout en restant à l’heure du départ. A Novossibirk, la nuit était tombée depuis longtemps lorsque nous avons fait halte, mais l’horloge indiquait 20 heures 45. A Irkustk, l’agent m’a réveillée à 3 heures du matin, en réalité, 8 heures… Partir en train vers l'Est est une bonne manière de s’acclimater en douceur au décalage horaire.

Quant à la troisième classe, le grand avantage a été de pouvoir lier connaissance avec nos voisins russes. Un petit garçon, Igor, notamment, m’a tenu une longue conversation sans que mes « je ne comprends pas » ne le découragent. L’homme face à nous traversait le pays pour rentrer chez lui à Chita, à un jour de train d’Irkustk, la capitale de la Sibérie orientale. Son entreprise lui avait payé l’avion pour l’aller (1 700 euros pour rejoindre Moscou…), le retour se faisait en train. La femme à mes côtés venait de rendre visite à sa fille et à son petit-fils ; sur ses deux enfants, l’un habite à l’Ouest, l’autre à l’Est, soit des heures de train en perspective. Ce qui n’est pas pour réjouir un Russe. 

Mais pour moi, c’était un plaisir. Nous étions loin de la classe affaire, comme nous l’a fait remarquer un voisin, mais je m’y suis attachée, à ce wagon et à ses passagers. A la provodnitsa qui est venue me chercher lors d’un arrêt en pleine voie pour que je puisse prendre une photo et à son collègue charmant et multi-tâches (je veux le même à la maison). Au point qu’on aurait volontiers continué un jour de plus !

4 commentaires:

  1. Rien de mieux qu'un long voyage en train pour partir à la découverte de l'âme russe !

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  2. son collègues charmant ? ... hum la température monte à l'est on dirait .....

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  3. Comment cela se passe-t-il en 1ere et en 2eme classe ?
    Ivana 5eme 3 MLK

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    1. La deuxième classe correspond aux "coupé", qui sont des cabines prévues pour quatre passagers et la première classe, ou classe "de luxe" correspond à une cabine pour deux.

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