dimanche 8 décembre 2013

Indonésie - Des Gilis à Nusa Lembongan

On me l'avait prédit, il est arrivé: le blues du voyageur au long cours. J'en ai tant fait et tant vu dans les premiers mois que mi-novembre, je suis arrivée épuisée à Bali, sans aucune envie d'adresser la parole à mon voisin ni de découvrir un nouveau pays. La curiosité pour le monde et les autres cultures m'avait désertée. Une seule envie: rentrer chez moi, en Bretagne, me faire dorloter par ma famille, un bon repas le dimanche, un dîner de crêpes, l'océan, que demander de plus?... Arrivée là de mes rêveries, j'ai réalisé qu'un aller-retour pour la Bretagne dernière minute représentait financièrement presqu'un mois de voyage. Halte-là! Me suis-je dit, pas de décision hâtive. Après avoir traîné sur quelques blogs de voyageurs (c'est un mal plus répandu qu'on ne le croit), j'ai décidé de tenter un ensemble de remèdes : 

- m'offrir une belle chambre rien que pour moi: adieu dortoirs et couchsurfing ;
- avant toute chose, dormir (même si le muezzin et les coqs ont eu raison de mes grasses mat') ;
- ne RIEN faire (une île de 2 kilomètres sur 4 est parfaitement appropriée) ou à la rigueur, rejoindre la plage à vingt mètres du bungalow ;
- skyper pour la première fois en trois mois avec ma famille et mes amis proches ;
- et quand je le sentirai, commencer la plongée;
- dans l'idéal, sur une île sans véhicule motorisé.

C'est ainsi que je me suis retrouvée aux îles Gili, proches de Lombok :


Craignant de n'être entourée que de couples en lune de miel sur Gili Air et Gili Meno, plus calmes, j'ai rejoint Gili Trawangan, bien qu'elle soit réputée comme l'île de la fête et que se succèdent sur sa rue principale bars, cafés, bungalows et hôtels pour touristes sans liens avec le village. De fait, il m'a fallu une bonne semaine pour l'apprécier avec tous ses contrastes, mais il faut dire que, fidèle à mon programme, les premiers jours se sont passés entre mon bungalow et la plage. Après une bonne cure de sommeil, je suis redevenue un être sociable et j'ai découvert des voisins fort sympathiques, dont Birgit, de Munich, fidèle à Tanah Qita depuis cinq ans, qui témoignait de la multiplication des constructions touristiques ces dernières années, au détriment de la richesse de la vie sous-marine, tout en continuant à apprécier les lieux.

On plonge beaucoup aux Gilis et j'en ai profité pour passer mon Open Water, l'équivalent du niveau 1 français en plongée. Au programme: coraux, tortues (certaines nous rendaient visite chaque soir sur la plage), bancs de poissons multicolores, serpent de mer, requin de récif, poissons perroquets à bosse... Le son du muezzin plusieurs fois par jours m'est devenu familier, de même que la musique zen du salon de massage de la plage (un morceau en boucle toute la journée).


Au bout d'une semaine, j'étais suffisamment remise pour rejoindre le "sunset point" à l'autre bout de l'île et la beauté fantastique du coucher de soleil entre Lombok et Bali m'a éblouie. Une telle beauté est un vrai bonheur, elle vous réconcilie avec la vie : des couleurs flamboyantes, changeantes, se reflétant sur le mont Agun de Bali et sur les vagues, un spectacle qui, lorsqu'il cesse d'un côté de la mer, reprend de plus belle de l'autre. Après dix jours de ce régime, j'ai commencé à me sentir en vacances. Car il y a une vraie différence entre vacances et voyage.


     

  

Je ne sais, cependant, si je conseillerais Gili Trawangan. Si vous voulez faire la fête, tester les champignons magiques et que vous avez besoin d'animation, oui. Et sans aller jusqu'aux diverses méthodes hallucinogènes, commencer la soirée par un coucher de soleil splendide, une caïpirinha à la main, et la prolonger par un concert de reggae au sama sama après une journée de plongée, c'est bien sympathique. Mais si vous cherchez une vie locale, non. Si vous êtes choqué de voir des occidentales et des australiennes se promener en bikini dans les rues d'une île musulmane, quand bien même la plage est à deux mètres, et de constater que les sols sont jonchés d'ordures dès que vous quittez la zone touristique et rejoignez le village, non plus. La vie locale, ici, c'est celle des touristes et des gens de Lombok venus vendre leurs perles ou bosser dans le tourisme. Mieux vaut alors rejoindre Gili Air ou Gili Meno. 

J'ai finalement réussi à m'en arracher le 11ème jour pour voguer vers Nusa Lembongan, une île balinaise. Elle est reliée par un petit pont à Nusa Ceninda et proche d'une plus grande île, moins accessible, Nusa Penida. L'ensemble est réputé pour ses fonds marins. La plupart des habitants tirent leurs revenus de la culture des algues. Le tourisme s'y développe mais n'a pas encore dénaturé l'île. Après toutes ces nuits dans un bungalow luxueux, j'ai voulu aller au plus économique: 150 000 roupies le bungalow avec ventilateur (soit 10 euros) contre 250 000 ailleurs. Economique certes, mais fortement défraîchi et un "ami "cafard" dans la salle de bain, une piscine en construction et une terrasse plongée dans le noir faute de raccord à l'électricité à partir de 19 heures... Un conseil pour les petits budgets : cherchez une chambre chez l'habitant (mot magique: "homestay"). J'ai rencontré un breton (ils sont partout) qui s'est logé pour pas cher une dizaine de jours tout en apprenant l'indonésien avec la famille.

Toujours est-il qu'en une soirée sur cette île, beaucoup moins fréquentée, j'ai fait autant de rencontres marquantes qu'en dix jours à Trawangan. Trouver l'endroit qui vous sied n'est pas toujours aisé... J'ai réalisé un fantasme: plonger avec deux raies mantas, et j'ai découvert un poisson grenouille et des coraux superbes... La côte est plus découpée, les vagues s'écrasent contre les falaises, la mer est turquoise par endroits, les fonds marins sont riches, l'île de Nusa Penida, sur laquelle je n'ai pas abordé mais que j'ai observée de la mer, semble à l'écart du temps, couverte d'une végétation dense. Des pêcheurs jettent leur ligne du haut d'une vingtaine de mètres et la jungle semble la recouvrir... Des îles séduisantes, même en coup de vent. 

3 commentaires:

  1. Dis-toi que tu as la mer et le soleil, quand nous à Paris on a le froid (mais on a quand même un peu de soleil !). N'empêche, 4 mois sur la route, c'est quand même classe. Bonne route !

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  2. ah bienvennue dans le club de creature palmes ,ridicules ,maladroite , faisant des bulles dans l'eau , Anne , la distance permet aussi de voir et d'apprécier la beauté des choses qui nous collaient au nez, je sui content de voir que tu as plonge avec mes sirenes des mers ; les mantas , les mantras de la mers , qui de leur aile gracieuse , nous refon decouvrir la grace la volute de la lenteur ...apprecie tout cela .. à bientôt et ramene nous des sons .... afin de creer cet espace vide que notre imagination pourra remplir de nos reves .... Bises tardives

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  3. Anne, danke für diesen persönlichen Einblick in deine Abenteuer. Ich habe sogar etwas verstanden :) Bis bald mal,
    Dein Tandempartner

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