mardi 30 juin 2015

Le retour d'un voyage au long cours



Voici un an, je rentrais de voyage, certaine d’être repartie dans les six mois. Nous voici en juin 2015, Paris Plage s’annonce, la France commence à partir en congés et la vie ralentit à la faveur de l’été… Comment conserver les bienfaits du voyage et comment réussir son retour ?

C’est l'une des grandes questions de voyageurs au long cours. Le retour difficile de l'étranger, je connais : après une année Erasmus à Berlin, le retour à la vie française fut rude et suivi d'une déprime latente de quelques années: nostalgie de l'étranger et des ambiances internationales, aucun goût pour mon environnement proche, des envies d'ailleurs, etc., etc. Bref, quand j'ai décidé de partir en voyage, il était exclu de repasser par là et ce qui me réjouit, c'est que jusqu'à présent, c'est plutôt réussi. 

Peut-on donner des conseils ? Chacun est différent. Certains écrivent un livre sur leur voyage qui leur permet de prolonger l’expérience, de la revivre, d’en dégager du sens et de la partager avec d’autres, comme un passage de relais entre rêveurs et voyageurs. D’autres changent de carrière pour mettre leur activité en accord avec leurs valeurs. Certains choisissent la vie nomade, tandis que d’autres luttent pour ne pas reprendre la route dès le lendemain. D’autres encore retrouvent leur poste et leur appartement comme ils les avaient laissés, le temps de se poser pour faire de nouveaux projets, presque étonnés de ne pas souffrir du retour. 

C’est mon cas. J’ai pensé parfois que tout lâcher avant le grand départ aurait été préférable : je me serais sentie libre de rester vivre en Nouvelle Zélande, par exemple. Jusqu'à ce qu'une amie me confie sa difficulté s’ancrer à nouveau quelque part alors que plus rien ni personne ne vous attend. Je suis revenue à Paris le temps de quitter mon appartement et mon travail proprement. Les avoir conservés m’assuraient mon indépendance et la reprise de la vie quotidienne a été facile. J'y suis encore et je commence à ressentir l'urgence de transformer ce voyage en un nouveau projet de vie. Celui-ci avance à petits pas, doucement, parfois trop doucement à mon goût, mais dans tous les cas, j'ai beau avoir repris mon appartement et mon boulot, ma vie n'est plus la même.

Mon regard sur le monde a changé et les nouvelles rencontres sont devenues bien plus faciles. J’ai réfléchi à ce qui m’avait rendue si heureuse à la fin de ce voyage. C'est simple, ça tient en quelques mots :

Être 
 (plutôt qu’avoir) 

Agir et faire de ses propres mains
(plutôt qu'acheter et consommer) 

Aimer et faire Confiance 
(laisser tomber les barrières et les jugements a priori) 

Partager 
(un repas, un sourire, des projets, une idée, une danse, une soirée, des compétences, un jardin...)


« Be, do, love and share » : c’est possible partout et dans mon cas, c’est le meilleur moyen de garder vivant le bonheur de la route. Ça et écouter ses envies profondes, leur donner vie et aller vers ce qui nous apporte de la joie et nous nourrit. On a les obligations qu'on veut bien s'imposer... Et puis continuer à sortir de sa zone de confort et entretenir son ouverture à l’autre, sa curiosité pour le monde et sa capacité à s’émerveiller. Soyons honnête, ce n'est pas toujours facile, mais le jeu en vaut la chandelle si l’on veut rester en mouvement, continuer d'apprendre et découvrir de nouveaux espaces sans changer de pays, ni même de ville. C'est ainsi que le voyage se poursuit.

Le blog ayant sommeillé pendant un an, je ne sais par qui ce texte sera lu, mais je le confie à la toile: peut-être qu'au hasard d'un mot-clé, des voyageurs de retour auront envie de partager leur expérience ou des aspirants voyageurs y trouveront une raison supplémentaire de prendre la route.

3 commentaires:

  1. J'apprécie beaucoup tes pensées,ce que me plait le plus c'est "ÊTRE PLUTÔT QU' AVOIR". Sinon si tu n'as pas le moral viens en Bretagne la maison est grande ouverte.

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  2. Voila je rentre dans ton Blog et ce premier texte d'une très grande richesse d'analyse et de témoignage me pousse très fortement à avaler toute ta prose voyageuse.

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