De Kazan, j’ai
rejoint Ekaterinbourg en train de nuit pour une courte journée, suffisante pour
se balader dans la ville et se rendre dans l’église dédiée à la mémoire des
Romanov, assassinés sur les lieux en 1918. Mais le plus excitant, au fond,
était de savoir que le soir même, je partais pour quatre mille kilomètres de
train en trois nuits et deux jours.
Forte de nos
premières expériences, nous avons abordé la
provodnitsa en toute sérénité avec nos billets électroniques achetés sur la
version anglaise du site de la compagnie des chemins de fer russe. Mais
contrairement aux premiers trains de nuit, pour ce trajet-là, nous devions les
échanger au comptoir contre un billet papier. Un petit coup d’adrénaline avant
le départ : j’ai gardé les sacs pendant que ma coéquipière courait au
guichet avec ses quelques mots de russe et mon passeport, m’imaginant déjà
rester à quai. Fort heureusement,
elle est revenue en un temps record et nous avons pu prendre place dans le
dernier wagon.
De l’Oural à
la Sibérie, les forêts de bouleaux et marécages se sont succédé, avant de
laisser place à un
paysage plus ondulé. Nous avons traversé la campagne russe et ses villages de
maisons en bois colorées, en faisant halte dans les villes industrielles. Dans
les jardins, des vieux récoltaient les légumes et les fruits qu’ils nous
vendraient peut-être sur le quai de la prochaine gare, à côté des beignets de
pomme de terre et des chapka.
Tous les
trains sont affichés à l’heure de Moscou, ce qui conduit à franchir des
fuseaux horaires tout en restant à l’heure du départ. A Novossibirk, la nuit
était tombée depuis longtemps lorsque nous avons fait halte, mais l’horloge
indiquait 20 heures 45. A Irkustk, l’agent m’a réveillée à 3 heures du matin,
en réalité, 8 heures… Partir en train vers l'Est est une bonne manière de
s’acclimater en douceur au décalage horaire.
Quant à la
troisième classe, le grand avantage a été de pouvoir lier connaissance avec nos
voisins russes. Un petit garçon, Igor, notamment, m’a tenu une longue
conversation sans que mes « je ne comprends pas » ne le découragent.
L’homme face à nous traversait le pays pour rentrer chez lui à Chita, à un jour
de train d’Irkustk, la capitale de la Sibérie orientale. Son entreprise lui
avait payé l’avion pour l’aller (1 700 euros pour rejoindre Moscou…), le
retour se faisait en train. La femme à mes côtés venait de rendre visite à sa
fille et à son petit-fils ; sur ses deux enfants, l’un habite à l’Ouest,
l’autre à l’Est, soit des heures de train en perspective. Ce qui n’est pas pour
réjouir un Russe.
Mais pour moi,
c’était un plaisir. Nous étions loin de la classe affaire, comme nous l’a fait
remarquer un voisin, mais je m’y suis attachée, à ce wagon et à ses passagers.
A la provodnitsa qui est venue me chercher lors d’un arrêt en pleine voie pour
que je puisse prendre une photo et à son collègue charmant et multi-tâches (je
veux le même à la maison). Au point qu’on aurait volontiers continué un jour de
plus !
Rien de mieux qu'un long voyage en train pour partir à la découverte de l'âme russe !
RépondreSupprimerson collègues charmant ? ... hum la température monte à l'est on dirait .....
RépondreSupprimerComment cela se passe-t-il en 1ere et en 2eme classe ?
RépondreSupprimerIvana 5eme 3 MLK
La deuxième classe correspond aux "coupé", qui sont des cabines prévues pour quatre passagers et la première classe, ou classe "de luxe" correspond à une cabine pour deux.
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