Mon excursion dans le centre de la Mongolie n’aura duré
qu’une semaine mais j’ai vu tant de paysages que j’ai l’impression d’être
partie plus longtemps, d'autant plus qu'elle s'est conclue sur des instants
grandioses.
Le dernier jour, nous étions hébergés par une famille nomade. Le père m'a emmenée avec lui sur ses chevaux pour aller rabattre le bétail avant la nuit : imaginez-vous suivre un cavalier mongol, revêtu d'un manteau traditionnel et d'un chapeau porté crânement, dont la silhouette se découpe dans les montagnes, avec une vue plongeante sur la vallée, au son de ses cris secs pour diriger le troupeau à la tombée du jour... C'était extraordinaire.
En dehors d’Oulan-Bator, ce sont de grands espaces sans
aucune barrière, une respiration immense, des troupeaux en liberté, de chevaux,
mais aussi de chèvres, de moutons, de vaches, de yaks et de chameaux.
Les aigles sont nombreux et les « grillons »
volent. La nature est omniprésente et semble presque intacte. Quel bonheur de
ne voir presque aucune ville, juste des étendues s’ouvrant sur un ciel
immense.
En six jours, j'ai vu des collines boisées, des steppes, une
dune de sable, une ancienne plaine volcanique qui s'ouvrait sur une faille avec
une cascade et j'ai écouté la litanie des moines au monastère bouddhiste de
l'ancienne ville sacrée de Karakorum... J’ai suivi mon ombre au clair de
lune et j’ai dégusté le silence de la nuit. J’ai été réveillée par les
aboiements des chiens et un départ au galop (à la poursuite d’un
loup ?). Je me suis aussi réveillée frigorifiée dans la yourte et me
suis réchauffée auprès du poêle les nuits suivantes, que mes
compagnons de voyage ont eu le courage d'alimenter toute la nuit.
Dans le « petit Gobi » (des dunes de sable peu
larges mais longues de 350 kilomètres qui semblent posées au milieu de nulle
part), je suis montée sur un chameau blanc. Il paraît que ça porte chance, mais
je ne recommencerai pas de sitôt...
Il me reste à explorer l'Ouest (à proximité du Kazakhstan),
le Sud (le désert de Gobi) et le Nord (lacs et forêts). Il me faudra donc
revenir. A la période du Nadaam ou l’été, après m’être suffisamment
aguerrie pour galoper à travers les steppes sur ces chevaux à demi-sauvage.