On m'avait raconté que les
Chinois pour lesquels vous restez un anonyme parmi d’autres peuvent être assez
rudes : ils n’hésiteront pas à vous doubler dans les files d’attente, à vous
bousculer, à vous prendre de vitesse pour s’asseoir sur le siège que vous
convoitiez (ceci dit, c'est aussi un sport parisien) et à vous donner une
réponse, n’importe laquelle, pour ne pas perdre la face si vous demandez un
renseignement, même s’ils n’en savent rien.
Mais une fois que vous avez
sympathisé avec des Chinois, ils se feront un devoir de vous aider à apprécier
leur pays et à arriver à bon port, vous laisseront leur numéro de téléphone si
jamais vous avez besoin d’aide, voire chercheront à vous offrir un cadeau, ce
qui ne manquera pas de vous gêner, et s'excuseront s'ils n'en trouvent pas…
D’autres vous souhaiteront la bienvenue pour votre premier séjour, comme ça
m'est arrivé à bord du train pour Qingdao.
J'y ai rencontré un jeune chinois
de 23 ans, qui m'a donné son nom anglais, Allen. Il a engagé la conversation,
encouragé par l'exemple de son voisin venu passer le temps et pratiquer son
anglais avec moi. Nous avons discuté de nombreux sujets, mais je ne suis pas
certaine que nous nous soyons toujours compris. A l’instant où je m’y attendais
le moins, il s’est écrié, offusqué : « What ?! I don’t want
you to think that I am not a kind Chinese ! ». N'ayant aucune
idée de ce que j'avais pu dire pour provoquer une telle réaction, je me suis
empressée de le détromper. Des différences culturelles et des méprises
linguistiques...
Il me parlait de ses plans
d'avenir : à mon âge, il aimerait gagner 20 000 dollars par mois
pour pouvoir entretenir une famille de trois enfants. La politique de l'enfant
unique étant encore en vigueur, il devra s'acquitter auprès des autorités d'une
somme rondelette de 10 000 dollars pour le deuxième enfant et de 15 000
dollars pour le troisième. Imaginez sa réaction lorsque je lui ai appris que le
gouvernement français versait des allocations (certes moins élevées) aux
familles nombreuses...
Il a ensuite insisté pour me
montrer le front de mer (à vrai dire, j'avais surtout hâte de poser mon sac à
l'hôtel) et négocier un taxi rouge (j'ai découvert ensuite que les taxis verts
ont des compteurs qui rendent toute négociation inutile pour un prix moins
élevé) en s'assurant qu'il me déposerait au bon endroit. Appréciable, certes,
fatigant également, mais comment refuser l'aide qu'on vous propose?
De cette rencontre sympathique,
m'est resté un certain sentiment d'étrangeté...
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