Voici un an, je rentrais de
voyage, certaine d’être repartie dans les six mois. Nous voici en juin 2015,
Paris Plage s’annonce, la France commence à partir en congés et la vie ralentit
à la faveur de l’été… Comment conserver les bienfaits du voyage et comment
réussir son retour ?
C’est l'une des grandes questions de
voyageurs au long cours. Le retour difficile de l'étranger, je connais : après une année Erasmus à Berlin, le retour à la vie française fut rude et suivi d'une déprime latente de quelques années: nostalgie de l'étranger et des ambiances internationales, aucun goût pour mon environnement proche, des envies d'ailleurs, etc., etc. Bref, quand j'ai décidé de partir en voyage, il était exclu de repasser par là et ce qui me réjouit, c'est que jusqu'à présent, c'est plutôt réussi.
Peut-on donner des conseils ?
Chacun est différent. Certains écrivent un livre sur leur voyage qui leur
permet de prolonger l’expérience, de la revivre, d’en dégager du sens et de la
partager avec d’autres, comme un passage de relais entre rêveurs
et voyageurs. D’autres changent de carrière pour mettre leur activité en accord
avec leurs valeurs. Certains choisissent la vie nomade, tandis que d’autres luttent pour ne pas reprendre la route dès le lendemain. D’autres
encore retrouvent leur poste et leur appartement comme ils les avaient laissés,
le temps de se poser pour faire de nouveaux projets, presque étonnés de ne pas
souffrir du retour.
C’est mon cas. J’ai pensé parfois
que tout lâcher avant le grand départ aurait été préférable : je me serais
sentie libre de rester vivre en Nouvelle Zélande, par exemple. Jusqu'à ce qu'une amie me confie sa difficulté s’ancrer à nouveau quelque part alors que plus
rien ni personne ne vous attend. Je suis revenue à Paris le temps de quitter
mon appartement et mon travail proprement. Les avoir conservés m’assuraient mon
indépendance et la reprise de la vie quotidienne a été facile. J'y suis encore et je commence à ressentir l'urgence de transformer ce voyage en un nouveau projet de vie. Celui-ci avance à petits pas, doucement, parfois trop doucement à mon goût, mais dans tous les cas, j'ai beau avoir repris mon appartement et mon boulot, ma vie n'est plus la même.
Mon regard sur le monde a changé et les nouvelles rencontres sont devenues bien plus faciles. J’ai réfléchi à ce qui m’avait rendue si heureuse à la fin de ce voyage. C'est simple, ça tient en quelques mots :
Être
(plutôt
qu’avoir)
Agir et faire de ses propres mains
(plutôt qu'acheter et consommer)
Aimer et faire Confiance
(laisser tomber les barrières et les jugements a priori)
Partager
(un repas, un sourire, des projets, une idée, une danse, une soirée, des compétences, un jardin...)
« Be, do, love and share » : c’est possible partout et
dans mon cas, c’est le meilleur moyen de garder vivant le bonheur de la route. Ça et écouter ses envies profondes, leur donner vie et aller vers ce qui nous apporte de la joie et nous nourrit. On a les obligations qu'on veut bien s'imposer... Et puis continuer à sortir de sa zone de confort et entretenir son ouverture à l’autre, sa curiosité pour le monde et sa capacité à s’émerveiller. Soyons honnête, ce n'est pas toujours facile,
mais le jeu en vaut la chandelle si l’on veut rester en mouvement, continuer d'apprendre et découvrir de
nouveaux espaces sans changer de pays, ni même de ville. C'est ainsi que le voyage se poursuit.
Le blog ayant sommeillé pendant un an, je ne sais par qui ce texte sera lu, mais je le confie à la toile: peut-être qu'au hasard d'un mot-clé, des voyageurs de retour auront envie de partager leur expérience ou des aspirants voyageurs y trouveront une raison supplémentaire de prendre la route.